Genre : Journal
Publication : 14 avril 2010.
Auteur : Leawë.
Mise à jour : aucune.
Poids : 1
Prix d'achat : 100.000 Po
Baduk : G22 Imprimerie des Terres d'Argent
Journal d´Elbryëth, premier Général du Royaume Mythien
Misérables ! Les foudres les plus denses s’abattront sur vos têtes ! Votre sort ne dépend plus de ma clémence ! Vous serez condamnés par les enfers et y pullulerez toute l’éternité ! Une chance vous a été donnée et comme des lâches vous avez préféré l’ignorer. Vous serez suppliciés et maltraités sans pitié ! Soyez damnés !
Premier mois de l’an un. Septième jour. Ertrös, Fureur Noire.
Nous marchons depuis quatre jours. Nous nous sommes mis en marche vers le Sud. Mëryek, notre Roi, est entré dans une rage démesurée lorsqu’il apprit l’exécution de son fils et seul héritier, notre Prince. Athésia, nouveau Roi d’Esthéos, a débuté son règne en provoquant le plus puissant des Royaumes du Lenmya. En route nous avons rencontré les armés d’Emysiëm et d’Andromé qui joignirent leurs forces aux nôtres. Nous sommes arrivés aux abords du littoral de Briëth, dernière frontière avant le Royaume d’Esthéos, aux premières lueurs du couchant. Nous préparons actuellement notre campement, les soldats montant leurs tentes et entamant les fortifications et systèmes de défense. Nous sommes proches de l’objectif. Une heure de marche nous sépare de la vallée du Reysdör, surplombée par la citadelle d’Athésia. Les éclaireurs que j’ai pu dépêcher me font état d’une armée aussi nombreuse que la moitié de mes troupes. Ce misérable était donc préparé à notre venue mais n’a prévu qu’un effectif ridicule. Nous le ferons tomber, nous le présenterons à Mëryek qui jugera de son sort.
Une fois le campement installé, j’ai fait venir les autres Généraux afin que nous établissions une stratégie efficace d’attaque. J’aimerais limiter les pertes humaines, espérons que je n’en déplorerai aucune. Nous nous sommes réunis autour d’une carte où nous pouvions évaluer la situation qui s’offrait à nous. Athésia nous savait proche de lui, nous ne pouvions donc pas compter sur un effet de surprise. Nous avons donc opté pour une attaque par salves. Archers en arrière ligne, lanciers en première, fantassins en seconde. Les cavaliers attendraient le meilleur moment pour porter le coup fatal aux lignes ennemies. Il est maintenant temps de reprendre des forces, je ne souhaite pas m’éterniser sur ces terres de malheur.
Deuxième mois de l’an un. Vingtième jour. Amiëptès, Rouge Sang.
Cela fait maintenant plus de quarante jours que nous sommes aux portes de l’enfer. Je pensais en finir au lever du troisième jour, mais je me suis fourvoyé. La première attaque nous conforta, nous avions réduis en miettes toute l’infanterie adverse. Mais nos ennemis étaient pleins de ressources. Leurs machines de guerres avaient l’air plus perfectionnées que les nôtres et leurs flèches transperçaient nos armures comme du beurre. Quelques lancers de projectiles suffirent à nous obliger à retrouver une position hors d’atteinte, à la lisière d’une forêt. Lorsque je me suis retourné, j’ai vu l’herbe recouverte de corps et rougie par le sang. Les cadavres étaient éparpillés sur le sol transpercés, démembrés, décapités, enflammés. Les spectacle qui s’offrait à nous était terrible et dépitant. Ca et là des hommes étaient encore en train de se battre, mais chaque fois que le duel était achevé, des projectiles venaient percuter le soldat qui décédait d’une lente agonie. Et moi j’assistais, impuissant, à la mise à mort de mes frères, mes amis, mes soldats. Et nous quittions ce macabre champs de bataille, peinés et dépités. Il ne nous a même pas été donné d’enterrer nos pertes, quel gâchis. J’ai tout de même posté une poignée d’hommes afin qu’ils surveillent la scène, sachant que malgré tout personne ne sortirait. Les Dieux étaient-ils contre nous ? La bataille devait donc s’éterniser, et elle s’éternisa. Nous avons subi d’énormes pertes, mais ne perdons pas espoir. Aujourd’hui nous avons gagné une autre bataille, mais Athésia est doté de grandes ressources. J’espère que nous serons assez nombreux, car nous nous sommes considérablement réduits. Demain nous tenterons une percée dans la citadelle. Cloros, jeune Général d’Emysiëm, nous a montré un moyen efficace. Nous ferons un mélange de poudres concentrées dans une coque en fer qui éventrera la muraille. Nous perdrons d’autres hommes, mais seul le résultat importe ! Je tenterai de tenir ce journal à jour. Que Vyrios, Dieu de la guerre, veille sur nous.
Deuxième mois de l’an un. Trentième jour. Thorpin, Horreur.
Dix jours ont passés depuis mon dernier écrit. Je me sens faible. Une flèche est venue se ficher dans mon épaule alors que nous avancions pas à pas vers la citadelle. Mais Cloros avait raison. Nous sommes entrés sans trop d’opposition et cela nous sembla étrange. Les soldats avaient déserté les murs, nous en étions euphoriques, mais cela ne dura pas. La terre trembla soudain, comme lorsque les éléments se déchaînent. Le ciel s’assombrit, et le jour fit soudain place à la nuit. Le vent se leva et la pluie tomba. C’en devint effrayant. Nous avons mit cela de côté et nous nous sommes remis en marche. Nous avions parcouru quelques centaines de mètres lorsque des grondements violents nous parvinrent, portés par le vent. Ce qui arriva ensuite dépasse l’entendement. Une meute d’animaux enragés se rua sur nous. Ce n’étaient pas de simples bêtes mais on aurait dit un croisement entre loup et homme. Le fait est qu’ils nous sautèrent dessus et se repurent d’autant de soldats possibles. Leurs griffes décapitaient, leurs dents dépeçaient et leur puissance nous prenait au dépourvu. Nous perdions tout espoir de victoire lorsque les Dieux nous sourirent et que ces animaux reprirent forme humaine. Angoissés, apeurés, ils souhaitèrent s’échapper mais nous nous fîmes un plaisir de les massacrer.
Plus nous avancions et plus nos obstacles paraissaient surnaturels. Nous avons croisé le fer avec des ossements sortis de leurs tombes, nous avons combattu des hommes aussi forts qu’Hercule puis plus étrange encore, nous avons été assaillis par des animaux de basse cour ! Au terme de cette journée il ne m’est resté qu’une poignée d’hommes, les meilleurs. Nous avons pu trouver un logement suffisamment grand pour tous nous accueillir. J’ai instauré de nouveaux tours de garde afin de prévenir le moindre danger. La nuit est déjà bien avancée, je dois maintenant me ménager car c’est bien demain qu’aura lieu le dénouement de cette guerre. J’ai envoyé deux messagers rendre compte de notre situation. Mais j’ai peur de m’y être pris trop tard…
Deuxième mois de l’an un. Trente et unième jours. Erÿs, La Fin.
Je…Je ne sais que dire. Je suis sans force et n’arrive pas à remettre mes idées en place. Les Dieux n’ont eu qu’une once de pitié. Athésia, lui, en est dénué. Je comprends maintenant son assurance devant une telle situation. C’est homme n’en est pas un. Sa cruauté, sa force, et…sa magie sont écrasantes et sans failles. Nous avons pu le constater puisque alors que nous avancions doucement et sur nos gardes, il est apparu soudainement devant nous. Nous lui avons ordonné de concert d’abandonner le combat et de se livrer instantanément, puis il s’est mit à rire, d’un rire glacial et horrifiant, mais il s’est tout de même agenouillé. Malheureusement, les six hommes qui s’emparèrent immédiatement de lui jonchent à présent le sol pavé. Car lorsqu’ils l’empoignèrent, ils se mirent à hurler de douleur avant de s’effondrer sur le sol. Leurs muscles saillaient sous leur peau, et leurs poumons s’emplissaient d’eau. Nous avons assisté à cette atroce exécution ébahis et paralysés. Puis un voile de fumée se forma autour de lui, nous occultant sa vue. Lorsqu’il la dissipa, il était vêtu d’une armure aussi noire que les ténèbres et était armé d’une longue épée à deux mains. Il nous défia de le faire tomber par la force et il se rua sur nous. Ses pas étaient rapides, ses gestes fluides et il touchait chacune de ses cibles. Nous avons croisé le fer durant des heures et il se produisit une chose à laquelle je ne m’attendais certainement pas. Il disparu alors que j’avais paré son attaque et resta invisible une poignée de secondes. Il réapparut assis sur une volée de marches. Son regard exprimait de la haine et une certaine satisfaction, nous lui donnions ce qui souhaitait : notre rancœur. Il me regarda, me forçant à soutenir son regard, puis s’adressa à chacun de nous : « Très chers ennemis, vous êtes d’une force et d’une détermination admirables. J’ai besoin d’hommes tels que vous, alors voici ma proposition. Joignez-vous à moi, renversez vos souverains et régnez en maîtres avec moi. Refusez et ma colère sera sans égale, votre souffrance…insoutenable. Le choix est simple mais nécessite toutefois une certaine réflexion. Vous disposez d’une nuit. »
Sa voix était douce et chaleureuse, vicieuse et fausse. Il parti doucement et disparu dans la brume naissante. Nous avons fait volte face et nous sommes réunis dans une maisonnette et avons décidé de mourir pour notre cause, notre loyauté est incorruptible. Mëryek, mon Roi, ce sont mes derniers mots dans ce journal. Ma loyauté et mon amour pour toi sont infinis, chéris mes enfants comme les tiens. Unymië, ma tendre épouse, je te fais mes adieux mon amour…
Le journal d’Elbryëth fût retrouvé par le Roi Mëryek dans les décombres d’Ermya, citadelle d’Athésia. Son corps et ceux de ses hommes ne le furent jamais.