Recueil des mémoires de Zoroastre et des héros des terres argentées. Publication : 15/03/2009
Poids : 1
Prix d'achat : 6.660 Po
Valeur : 666 Po
Kedok : I29 Arche d'alliance
ACTE III : SOLEIL VERT
Mémoire de Zoroastre (Prologue)
« La guerre aggrave les maux qu’elle combat ».
Ma lutte n’y fait pas exception. Tel est l’enseignement que je retire à présent de ma vie, aux portes de la mort.
Je me souviens.
Haut dignitaire de cette cité disparue, je m'évertuais pour le bien-être de mon peuple, ainsi que pour des valeurs que je croyais justes. Corrélativement, des ennemis non proclamés se constituaient en secret. Je peux donner un nom à l’une de ces ombres : le Khulth.
Le Khulth semblait faire l'unanimité de ceux qui entendaient me priver de mes artefacts et de ma liberté. Mués par une volonté sans faille de voir me voir périr, les stratèges de la secte fomentèrent un attentat, m'empoisonnèrent, et m'emmurèrent vivant dans les dédales du palais royal.
Je croyais alors quitter à jamais le monde des vivants.
Néanmoins, un destin intangible voulut que je survive. Par la force de ma propre volonté, je parvins en effet à m’échapper de cette prison de pierre, en appelant à mon secours ma jeune apprentie, Potesta. Ces années passées, meurtri dans ma chair et incarcéré dans mon esprit, m’avaient transformé. Ma vengeance devint plus grande encore, lorsque je découvris que le monde des sorciers s’était éteint.
Vindicatif je le reconnais, j’invoquai contre ma nature, la plus dangereuse des formules pour recouvrer une nouvelle vie. Ce rituel, destiné à me procurer une enveloppe physique inaltérable, ne tourna malheureusement pas à mon avantage…
Recourant aux arcanes obscures, mon dessein de me voir transfiguré dans une entité puissante et invulnérable, fut contrarié par la survenance fortuite d’une éclipse au moment même de l’invocation. Cette faille temporel entre le jour et la nuit eut pour conséquence la scission de mon être entre mon d’esprit et cette créature désincarnée, dénommée Emet. Ce charme devint donc malédiction et ma propre prison. Condamné à vivre le jour et à disparaître la nuit, je ne pouvais espérer rencontrer ma projection, égarée dans le royaume des ombres.
Je pris alors la résolution de me tourner vers vous, peuple des terres argentées.
Afin de parfaire mon invocation et fusionner ce qu’il ne peut demeurer séparé, je vous ai sollicité noble peuple. Et grâce à votre concours, mes armes m’ont été restituées et je suis dorénavant prêt pour parachever mon œuvre. C’est la raison pour laquelle, je viens vers vous avec la croyance qu’il s’agit de l’ultime bataille. Ceux qui participeront à ce combat pourront dire qu’ils ont connu la guerre dite du Soleil Vert…
Sollicitation de Zoroastre
Peuple des terres argentées.
Il m’importe de recouvrer ma vitalité, aussi je viens une dernière fois, vous quérir.
La malédiction qui pèse sur moi et qui me contraint à vivre tel un demi-homme, ne peut cesser que par la fusion de votre serviteur et de ma projection que l’on nomme Emet.
L’ombre et la lumière doivent donc à nouveau se rencontrer !
Pour ce faire, l’ultime énergie à même de recréer une éclipse artificielle, doit être provoquée. Les plus anciennes créatures du monde l’avaient désignée par l’expression « Soleil Vert ».
Suivant les mythes ancestraux, le Soleil Vert se matérialise par une sphère d’énergie élémentaire si puissante qu’elle cristallise le temps et la lumière durant tout son rayonnement. Il est dit qu’au seuil de son apogée, le Premier Soleil Vert explosa en milliers de fragments de part les quatre pôles et que seule la réunion de sept boules de cristal qui lui sont caractéristiques, permettra sa renaissance.
Très Cher Peuple, je vous investis en conséquence de cette quête légendaire.
Ceux parmi vous qui me rapporteront les sept boules de cristal issues du Soleil Vert, auront toute ma reconnaissance et ma gratitude.
Présentation de Estolzir le Prospecteur
La recherche de l’héritage du monde définit la mission du prospecteur et résume la vie d’Estolzir. Aussi, l’histoire de ce personnage a-t-elle été profondément marquée par la quête des sept boules du Soleil Vert, ce qui lui confère toute sa singularité.
Estolzir naquit dans la maison d’une famille d’érudits, et profita de l’enseignement dévolu aux hommes prospères destinés au mécénat. Passionné par la résolution des mythes et légendes, le jeune Estolzir embrassa aussitôt le dogme du Soleil Vert, lorsqu’il découvrit, à ses dépens, sa première boule de cristal perdue croyait-on dans le plus vaste des déserts.
Formé à la recherche archéologique dans laquelle il excelle, Estolzir ne tarda pas à s’enquérir de tous les écrits susceptibles de l’éclairer sur la localisation probable de ces fragments de Soleil Vert. Si la symbolique inhérente à la création de ce soleil artificiel demeurait pour ce dernier négligeable, en revanche les mystères relatifs aux globes de cristal ne représentaient plus un obstacle à ses yeux.
En effet, au prix d’importantes investigations, Estolzir fut l’un des premiers contemporains à prendre possession des sept boules si convoitées. Préalablement à cet aboutissement, il fallu d’abord déterminer que les boules de cristal étaient au nombre de sept, toutes différenciées par un symbole unique gravé en leur milieu. Ces boules nées de l’explosion du Premier Soleil Vert, demeuraient depuis lors réparties au quatre coin du monde et concentrées dans les zones de forte magnitude. Les croisades auxquelles se livra Estolzir lui livrèrent un autre enseignement ; le pouvoir incommensurable des boules de cristal rejaillissait sur leur environnement, entraînant la frénésie de ceux qui les entourent.
Par suite, Estolzir découvrit bientôt avec effroi que son corps était devenu celui d’un vieillard au gré des saisons, et son esprit celui d’un aliéné. Alors dans un élan de sagesse et répudiant avec honte l’homme qu’il était devenu, Estolzir décida de se défaire des sept boules de cristal. Il employa les dernières forces qui l’animaient pour se rendre sur chacun des cinq continents et, dans les lieux les plus isolés, il y déposa le trésor maudit qui lui avait volé sa vie.
Investigations de Mormegil
Depuis combien de temps étais-je à leur recherche ? Je ne saurais le dire. En fait, cette recherche a commencé peu après que j’apprenne ce que projetais de faire Zoroastre. J’avais entendu parler, au cours de mes années de formation dans le Khulth, d’un Soleil Vert. Et voila que Zoroastre s’en soucie à présent. Je me mis donc aussitôt en selle vers la Bibliothèque secrète du Khulth. S’il existait un ouvrage traitant de ce soleil, nul doute qu’une copie, sinon l’original, serait conservé dans la Bibliothèque.
Après plusieurs jours de recherches infructueuses, je finis enfin par trouver un livre dont le titre me séduisait : « La puissance du vert ». Malheureusement, je dus lire de nombreuses pages complètement obsolètes avant de trouver quelque chose qui m’intéressait vraiment.
La Puissance du Vert découle des Boules de même couleur. Si toutes les catégories de boules sont réunies en un seul lieu, par une seule personne, alors le Soleil Vert resplendira. Mais la puissance du Vert anéantit l’âme. Sa maîtrise et son utilisation sont fortement déconseillées aux non-adeptes.
C’était donc ça. Je soupirais de soulagement. Il serait en fait très simple de contrer Zoroastre. Je n’avais qu’à mettre la main sur toutes les boules, avant lui. Je continuais ma lecture de ce livre, afin de trouver une ou plusieurs indications qui me permettraient d’en apprendre davantage sur la localisation de ces boules. Mais je ne trouvais rien. De rage, je jetais le livre à terre, au milieu de toute cette paperasse vieillie et inutile…
C’est alors qu’un mince feuillet, presque transparent, s’échappa de la couverture du livre. Me penchant, je parvenais à sentir une mince écriture blanchâtre, mais illisible telle quelle. Je cherchais autour de moi un livre possédant une couverture noire, afin de faire contraste avec l’écriture. Je lisais finalement sur la feuille qu’une étude du Khulth avait permis de démontrer que les Boules étaient sensibles à la lune, ainsi qu’aux hémisphères. En étudiant la position de la lune, ainsi que celle du dernier soleil vert connu, il devait être possible de localiser avec une probabilité bien supérieure toutes les Boules.
Cela me prit plusieurs mois. Mais finalement, j’avais réussi à dresser un plan, un plan qui je l’espère me mènerait aux boules, et de ce fait à la fin de ce combat contre Zoroastre. Je partais donc à la recherche de ces boules. Chose étrange, à chaque fois que je parvenais à trouver l’emplacement d’une boule, il s’agissait toujours d’une crypte, aux pictogrammes me confortant dans ma recherche. Seulement… toutes ces cryptes étaient vides. Encore un échec. Soudain, je prenais peur. Zoroastre ? Se pourrait-il qu’il ait déjà tout récupéré ? Impossible. Un tel homme ne saurait conserver longtemps son pouvoir secret.
Alors qui ? Qui peut prétendre connaître la position des boules ? Durant plusieurs jours, je cherchais des indices dans les cryptes. Mais je ne trouvais rien. Rien qui ne puisse me renseigner quant à l’identité de celui qui m’avait devancé. Je me disais alors que je n’avais qu’à attendre. Une telle puissance ne saurait rester invisible bien longtemps.
Le futur me donnait finalement raison. Quelques temps plus tard, j’apprenais l’existence d’un certain prospecteur, Estolzir, qui aurait eu les symptômes caractéristiques de la possession des Boules : l’âge, l’insociabilité… Je me mettais donc, une fois de plus, en route, cette fois afin de retrouver cet homme. Ce ne fut pas long. Cet homme ne se cachait pas, j’en déduisais qu’il n’avait donc rien à cacher… Je décidais toutefois de l’interroger.
Ce fut un entretien plutôt musclé. J’usais de toutes les techniques de torture, psychologiques ou physiques que l’on m’avait apprise. Finalement, rien. J’avais simplement réussi à apprendre qu’il n’avait plus ces boules. Il les avait eu en sa possession, mais ne les avait pas gardées. Il ne voulut jamais me dire où elles étaient, prétextant un oubli. Conscient de l’emprise et de la fascination qu’exerçaient les boules de cristal sur ce vieil homme, tout laissait à penser qu’il avait conservé quelque part, une carte sur laquelle la position de chaque boule devait figurer…
Une chose était sûre : les Boules referaient apparition, bientôt. Je le savais, et Zoroastre aussi. L’heure de l’ultime lutte a sonné.
La traque de Mormegil
Des jours que je suis sa trace. Tout a commencé sur Kedok : depuis, j’ai arpenté, hélas sans succès, les déserts de Sato, les plaines de Baduk, le labyrinthe de Boudok, les glaces de Dusso. Pour le moment, tous mes efforts ont été absolument vains : ce chien de Zoroastre semble s’être évaporé dans la nature. Mais je sens que la menace se fait chaque jour de plus en plus grande. Je sens que le combat final approche.
Au cours de mes recherches infructueuses, j’ai été amené à connaître Motak, un jeune voleur dont l’activité favorite est le dépouillement de frêles personnages de Baduk. Cette rencontre se fut tout à fait par hasard : cet imbécile a tenté de me dépouiller. Mais il dut vite se rendre compte de son erreur, car sitôt avait-il tenté son action malhonnête qu’il se retrouvait à terre, que j’avais bandé mon arc, la flèche dirigée droit vers son cœur. Il m’avait demandé pitié, déclarant connaître tout le monde, qu’il connaissait ma quête, et qu’il pouvait m’aider.
Je ne fus pas dupe : ceci n’était qu’un tissu de mensonges visés à ce que j’épargne cet être. Ce que je fis, finalement. Ce n’était pas par pitié : mais je poursuivais un autre homme, et je réservais ma violence à mes ennemis. Je le laissais donc là, à terre, et partais continuer mes recherches.
Je ne pensais plus à ce Mortak, jusqu’à ce matin même. Le voleur m’avait envoyé une missive, déclarant qu’il avait vu, alors qu’il venait de violer une quelconque donzelle, un personnage encapuchonné dont la démarche ressemblait de près à celle du fameux Zoroastre. Imaginez ma joie lorsque je lus cette lettre. Enfin, je le retrouvais. Je dépêchais sur Baduk un informateur du Khulth, afin de vérifier si cette information était véridique.
Non seulement elle l’était, mais avec lui se tenait Emet, le Golem. Le fait que le Golem et Zoroastre se retrouvent ensemble me fit de suite penser au septième soleil : il était temps d’agir. J’envoyais des missives à ceux qui m’avaient aidé, à ceux qui désiraient m’aider : le combat se rapprochait.
Zoroastre : Et nous vîmes les Princes Dragons Divins
Voilà, nous en sommes donc à la fin. Chaque seconde qui s'écoulait voyait l'instant de ma vengeance s'approcher.
L'arche avait enfin retrouvé son énergie, et en son sein resplendissait la réminiscence du Soleil Vert. Grace à lui, mon rêve pourrait enfin se réaliser, je pourrais enfin anéantir le Kulth une bonne fois pour toutes. Non loin de là se trouvaient ceux qui m'avaient à plusieurs reprises démontré leur bravoure, à tel point que ma confiance en eux ne connaissait point de limites.
Au devant et par delà les forêts, se trouvaient ceux qui au contraire avaient juré ma perte. Ceux qui, aveuglés par les illusions de grandeurs du Kulth, désiraient plus que tout m'anéantir de nouveau. Mais cette fois ci tout était différent. Sur un champ de bataille, au corps a corps, la fourberie n'a pas sa place : seule la force pure compte. Et bientôt, la mienne dépassera de loin les maigres forces de Mormegil. Ainsi je pourrai venger Potesta, puis me retirer l'esprit en paix. Je me tournai vers mes fidèles.
"Fils de l'homme !
A tous ceux qui ont fait preuve de clairvoyance, qui ont vu et suivi le juste chemin, je vous adresse une ultime requête ! Nous devons une bonne fois pour toutes anéantir la menace incarnée par le Khulth, cause indirecte de tous les tourments de ces terres à ce jour ! Pour ce faire, je vous demande de combattre, combattre avec loyauté et courage ! Ne craignez pas de tomber au combat, car ma magie n'aura de cesse de vous rendre la vigueur de votre jeunesse, et ce jusqu'a ce que l'ennemi soit annihilé. Sachez qu'il n'y a pas de place pour les faibles ou les laches sur un champ de bataille, et que ceux ci seront chatiés ! Aujourd'hui verra la fin du Kulth !"
Je me tournai, puis me concentrai. Prononcant des incantations mystiques, je plantai mon baton dans le sol. A quelques mètres de là, un portail vers un lieu inconnu s'ouvrit, et de fantastiques dragons, comme certains peut-être peuvent en voir sur Sato s'en échappèrent. Les créatures, aussi majestueuses que puissantes restèrent ainsi quelques instants, avant de rejoindre sur mon ordre les limites qui formeraient les frontières du champ de bataille.
"Avec de tels gardiens, plus personne ne peut désormais fuir. Nous allons en finir une bonne fois pour toutes, ici et maintenant !"
Mormegil : Ainsi, le Khulth fut.
"Arche d'alliance, Kedok.
Le temps est maintenant à l'orage, ce qui rajoute à la grande guerre une touche de macabre. Le vacarme des armes s'entrechoquant, les flash de lumière des sorts des puissants mages, tout ceci crée une atmosphère enivrante. Je suis prêt. Sur le flanc droit, mes armées ont réussi à créer une brèche dans le dispositif défensif adverse. Sans plus attendre, j'ordonne que l'on exploite cette brèche.
Enfin, nous y sommes. L'arche d'alliance, quartier général de mon ennemi juré. L'ultime combat... Là, le soleil vert ! Invocation dont le pouvoir dépasse l'entendement. Toutes nos frappes se concentrent sur ce soleil, espérant le détruire avant qu'Emet n'aie le temps d'arriver. Pendant que guerriers et sorciers tentent de mettre à bat ce soleil, les mages nous soignent, afin que nous puissions nous occuper uniquement du soleil. Nous y sommes presque...
Soudain, la panique se fait dans mes troupes. Je détourne mon regard du soleil, pour le porter vers l'endroit d'où les cris s'élèvent. Emet, le Golem. Il est là. Et alors je comprends, il est trop tard. Nous avons échoué. Le Soleil Vert est toujours debout, et Emet ainsi que Zoroastre sont là. La fusion n'est plus qu'une question de temps.
Avec un hurlement de rage, je me rue sur Zoroastre. Je vois dans ses yeux la volonté de se venger, de la mort de Potesta, de sa captivité... Voit-il dans la mienne la crainte que je ressens en face de ces deux ennemis à la puissance inimaginable ? Je lève ma lame, me préparant à frapper à mort.
Et alors, il se passe quelque chose d'étrange. Au moment ou ma dague aurait du pénétrer dans la chair de Zoroastre comme dans du beurre, je suis violemment rejeté en arrière, tandis qu'un étrange halo vert recouvre Zoroastre et Emet. Un grand flash de lumière, et devant moi ne se tient plus qu'Emet, mais entouré d'un halo étrange, ce même halo vert qui l'avait recouvert quelques instants plus tôt.
Alors, dans un sursaut d'orgueil, nous nous attaquons tous à cette apparition étrange, fusion entre Emet et Zoroastre. Mais c'est peine perdue. Sans peine, il esquive toutes nos attaques, les retournant avec toujours plus de puissance. Au milieu de cette lutte, je hurle, que Emetz vienne m'affronter seul à seul. C'est ce qu'il finit par faire. Tant bien que mal, je tente de repousser ses attaques toujours plus puissantes. Et cette botte, que je n'arrive pas à parer... La lame s'enfonce dans ma poitrine, je tombe à genoux. Ma vision se brouille...
Est-ce là la fin du puissant Khulth ? Au milieu d'un champ de bataille, terrassé par un ennemi d'antan ? Je crois bien... Mes genoux ne me tiennent plus, je tombe à terre, sur le dos, essayant de percevoir quelque chose de la bataille... C'est fini. Dans un dernier soupire, je meurs. Ainsi, le Khulth fut.