Publication : 10/11/04.
Auteur : Lapin666.
Mise à jour : aucune.
Poids : 1
Prix d'achat : 50.000 Po
Baduk : G3 Bibliothèque de Baduk
.Discorde I tome 1, j'avais un nom.
J'avais 8 ans.il faisait froid à cette époque. C'était l'hiver. Un hiver rude.
C'était un hiver simple, comme tous les autres hivers de Baduk.
Un hiver très froid, avec ce petit vent glacé qui vous rappelle que vous avez des os, vous ravive vos moindres petites blessures ; un froid qui ne se réchauffe jamais au bord du feu et qui a pour seul avantage de conserver la viande si rare et si précieuse. La chair animale était devenue le plus grand commerce du marché noir. Ma mère m'apprenait à chasser les sangliers sanguinaires, c'était très dur pour mon âge, mais elle voulait m'endurcir. Elle disait souvent :
« Tu es grande maintenant, les Blobs ne servent qu'à amuser les nouveaux-nés. Il faut que tu sois capable de te nourrir toute seule, car la vie est dure seulement pour ceux qui ne savent pas se battre, alors prends ce bolas et cours pour fendre ce ridicule petit sanglier. »
Je me souviens la première fois.non la deuxième fois, car la première fois que je m'élançais de toute ma force et de tout mon courage (le bolas bien tendu en avant, en criant pour impressionner la bête, et surtout pour avoir moins peur), ce pauvre animal s'enfuit à toutes jambes et nous n'avons pas mangé ce soir-là. Donc la deuxième fois, j'avais retenu ma respiration. Le sanglier sanguinaire dormait à poings fermés sans se soucier de moi, ni de la petite tarentule qui tissait sa toile au dessus de lui, tarentule que je n'avais pas aperçue. Au moment où je lui tranchais la gorge, en lâche, et que je fus surprise par tant de sang qui giclait sur moi, l'énorme tarentule en profita pour m'envoyer un fil qui m'englua la main tenant mon arme. J'ai bien cru que j'y passais lorsque celle-ci me sauta littéralement dessus, les grosses mandibules en avant. Je ne serais plus là si ma mère n'avait pas décoché un carreau de son arbalète pour la suspendre à l'arbre, le corps transpercé bougeant encore dans tous les sens pour se dégager, avant de finir par se stopper net, ne laissant qu'une carcasse sans vie dégoulinant sur moi et le sanglier lui aussi sanguinolent.
Cette mésaventure me marqua, mais ne m'empêcha pas de recommencer plus tard des chasses aux animaux, même des plus dangereuses comme des dragons verts ou des abominations...
Il y a beaucoup de choses que je ne sais toujours pas : je ne sais pas pourquoi je suis née dans ce monde si étrange à mes yeux d'enfants, je ne sais pas pourquoi je n'avais pas de père comme les enfants des villages, d'ailleurs ma mère m'interdisait d'en parler ,et je ne savais pas pourquoi je ne pouvais pas jouer avec eux .Enfin plutôt, pourquoi eux ne pouvaient pas jouer avec moi, car lors de nos rares excursions en ville, à maman et moi, les parents des autres enfants se dépêchaient de les faire rentrer, et leur crier de ne pas m'approcher. Je n'étais pourtant pas si différente que cela, mis à part ma tête un peu sale, car ce n'était pas toujours drôle de se laver dans la rivière, surtout à cette période de l'année où elle pouvait parfois être gelée.
Les gens nous regardaient donc avec des regards noirs, nous dévisageant et nous évitant comme la peste ou comme des animaux enragés qui surpeuplaient nos forêts.
Plein de questions comme celles-ci m'embrouillaient la tête à l'époque, et finirent par passer avec le temps, ou plutôt j'ai appris à faire abstraction de certaines choses depuis un certain jour qui marqua réellement mon existence, et qui m'a donné un but dans la vie, bien que je m'en serai bien passé. Cet événement est la base de tout, qui déclenchera toute une autre série d'événements qui sont décrit dans le livre : les maîtres de la discorde.
C'était un jour gris, le brouillard du matin était resté pour la journée dans une forêt de Baduk. Ma mère et moi étions en quête de nourriture. Ces derniers jours n'étaient pas fructueux, car un incendie avait ravagé une grande partie de la forêt, beaucoup d'animaux étaient morts et n'étaient plus comestibles car les rares restes non carbonisés étaient pourris et empestaient à plusieurs dizaines de mètres. La neige était tombée après et ce contraste de blanc à perte de vue, avec tous ces arbres morts noircis, rendaient l'atmosphère terrifiante, avec un silence qui vous donne la chair de poule. Pas même un petit blob en vue pour se mettre sous la dent, le calme plat, j'arrivais presque à entendre mon cour battre.
j'arrivais presque à entendre mon cour battre.
Ma mère était un peu bizarre ces derniers temps, je n'y prêtais pas trop attention d'habitude, mais ce jour-là, elle ne se comportait vraiment pas de façon normale, comme si elle attendait que quelque chose se passe, toujours à se retourner brusquement pour scruter l'horizon, puis repartir sans rien dire mais en accélérant le pas. Il se passa quelques heures où elle fit plusieurs fois ceci, accélérant de plus belle à chaque fois. Connaissant le caractère particulier de ma mère, je prenais pour habitude de ne jamais poser de question, mais le souffle commençant à me manquer, je pris mon courage à deux mains pour lui demander ce qu'il y avait. Elle me répondit par un simple regard noir. Puisque qu'elle n'était pas décider à me répondre, je lui proposai une halte pour que je reprenne du souffle, car mes jambes, bien que faisant régulièrement de longues marches, étaient celles d'un enfant de 8 ans et ne pouvaient pas suivre celles de ma mère qui, depuis tant d'années, marchaient de part en part du territoire de Baduk.
Elle m'accorda une pause, me voyant souffrir d'avancer comme cela dans la neige. Elle scrutait encore l'horizon. Je ne voyais ni n'entendais quelque chose qui aurait pu retenir son attention, mais elle semblait bien chercher dans ce paysage presque chaotique une chose qui nous suivrait. Soudain, j'entendis un craquement, là, pas loin, à peine à quelques mètres de nous. Je ne voyais rien. Ma mère m'attrapa le poignet et m'obligea à repartir, après même pas une minute de repos. Nous courrions presque.
« Je connais un village où nous serons en sécurité, il est derrière cette colline, après la rivière. Il y a un pont pas loin. » Me dit t'elle d'une voix un peu tremblante que je n'avais encore jamais entendue. Je commençais à m'inquiéter sérieusement. Mon cour battait fort et très vite, et je sentais une grosse angoisse m'envahir. Je ne sentais plus mes jambes, et mes poumons sont en feu, entre cette course pour échapper à un bruit et cet air froid, la douleur s'intensifiait à chaque pas dans cette neige molle.
Nous étions presque arrivées au pont. Je me retournai un instant et j'aperçus une ombre qui filait entre ce qui restait des arbres. Malgré ma fatigue, j'accélérais de plus belle. Je me retournai à nouveau, mais je trébuchai sur une racine dissimulée sous la neige.
« Dépêche toi, me cria-t-elle, nous sommes à côté du pont. »
C'est à ce moment-là qu'un grand homme apparut, ou plutôt une grande créature, car je ne pense pas que ce soit un homme pour être aussi grand. Il était habillé tout en noir : une grosse armure noire avec comme blason un dragon, ses bottes noires brillaient, et une grande cape à capuche noire lui recouvrait les épaules et la tête. On aurait dit que son visage aspirait la lumière, ou qu'il n'y avait rien.
Nous restions là tous trois un instant sans bouger, de peur d'un mouvement de l'autre. Cet instant de silence me parut une éternité. Puis ma mère engagea la conversation :
« Vous ne pourrez jamais la laisser tranquille ? »
Je compris alors que cette personne était venue pour moi, mais pourquoi ? Qu'ai-je donc fait ?
Une voie rauque émana alors de ce colosse :
« Vous savez bien qu'il ne peut pas en être autrement ! Pars ! Je ne te ferai aucun mal si tu me laisses me débarrasser de ce terrible fléau ! »
« Jamais ! Je vous en empêcherai ! Et de toute façon, si vous croyez à cette prédiction, vous savez qu'elle ne mourra jamais de la main d'un petit chasseur de prime ! »
« C'est ce que l'on verra !!! » dit-il en sortant à une vitesse incroyable une épée du phénix et la jeta dans la poitrine de ma mère, qui tomba au sol. Elle me fit signe de m'enfuir. J'hésitai un instant, ne voulant pas la laisser seule. Mais elle insista et je m'élançai sur le pont. J'entendis alors la créature prononcer une formule magique, et mon corps se figea au milieu du pont. Une grande douleur m'envahit. Des poils se mirent à pousser partout. Mon visage se déforma. Je sentis mes oreilles s'étirer. La douleur me fit crier comme jamais je ne l'avais fait auparavant. Puis la douleur s'arrêta net. Je me retournai alors vers ce magicien. Il avait dû arrêter sa formule car ma mère avait utilisé ses dernières forces pour lui enfoncer son bolas dans le pied. Après un affreux gémissement, il frappa de son énorme pied ensanglanté la tête de ma pauvre mère qui s'arracha et roula jusqu'au bord du pont, ses yeux livides me fixant. C'était vraiment la fin. Je me retrouvai alors toute seule, avec des poils partout, pourchassée par une horrible créature, certes, blessée au pied, mais qui devait courir plus vite que moi et qui cachait peut-être d'autres armes ou maléfices.
Je me remis à m'échapper vers l'autre côté du pont, mais d'un grand geste, la créature coupa toutes les cordes qui le tenaient à l'aide de son épée du phonix qu'elle venait de récupérer. Je ne pus me raccrocher nulle part. Je tombai 15 mètres plus bas dans une eau très froide, qui m'emporta avec un terrible courant.
Avec une chance inouïe, je m'en suis sortie indemne quelques kilomètres plus bas. Je m'étalai sur la berge et m'endormis un long moment, très long moment...
Lorsque je me réveillai, il faisait nuit et froid. Un fort mal de tête m'empêchait de réfléchir. Après quelque instant, je me rappelai ce qui s'était passé. Mon corps n'avait plus rien de la transformation que j'avais commencé à subir. Mon mal de tête continuait à me faire souffrir. Je ne me souvenais plus de certains détails, j'avais beau essayé de tout remettre en ordre, mais c'était flou. Et mon nom ? Quel était-t-il déjà ??? Je ne me souvenais plus de mon nom. A ce jour encore, je n'ai su retrouver mon nom, cela est dû probablement à des séquelles du sort qui dura plus longtemps que je n'avais cru. A l'aube, quand le soleil pointa à l'horizon, j'étais toujours assise au bord de la rivière à essayer de me remémorer mon nom. Une douleur envahit tout mon corps, la même douleur que lorsque le magicien m'avait lancé le sort, les poils réapparurent, ma figure se déforma à nouveau ! Puis la douleur s'en alla, plus rien ne bougeait. Je m'approchais alors de la rivière pour observer mon reflet. Ce que je vis ? Un lapin ! Mon visage était celui d'un lapin !
Et depuis, tous les jours, à l'aube, mon corps se transforme et devient celui d'un lapin, puis il redevient normal au coucher du soleil.
Cet événement a donné un but à ma vie : trouver cette créature et lui poser quelques questions : quel est mon nom, qui l'avait embauché pour me tuer, pourquoi.
Mais aussi pour lui faire sécher les tripes à l'air et faire partir le sort qu'il m'a jeté ainsi que pour venger ma mère, morte en me protégeant.
Depuis ce temps-là, les gens qui me connaissent m'appellent Lapin666.