Publication : 19/10/04.
Auteur : Calypso.
Mise à jour : aucune.
Poids : 1
Calypso la fille du Lys Bleu.
Par Calypso
Chapitre 1 : Au commencement naquit une fleur.
A
u jour 26 de l’année 5314 du Calendrier divin des Dragons, soit plus de 50 ans avant notre ère, sur les terres de Fallone poussa une fleur, un Lys Bleu. Cet unique spécimen floral germa dans la terre sacrée du Dieu Shâan, le divin protecteur des animaux. Fallone était cet Eden charmeur et enchanté que les humains appelaient Paradis des Animaux, mais il n’en était rien. Des légendes oubliées racontent qu’au commencement toutes les espèces vivaient sur la même terre, dans la même harmonie, puis quelques espèces proclamant leur supériorité, s’emparèrent de territoires, chassèrent les intrus. Mais un individu, d’une espèce précise, à lui seul scinda ce monde. Son nom oublié à présent revêtait la haine de son manteau noir, ses traits, bien que rongées par des forces obscures étaient humains, et au-delà des plus anciens souvenirs de lui, tout semble croire qu’il était mu d’une puissance terrible. Un sorcier sans nul doute animé d’une force maligne. Il jeta un sort d’une magie inconnue sur les créatures animales qui les maudirent. Les bêtes devinrent monstres et la vision du monde changea.
Le grand Shâan dans sa toute puissance sauva de la déroute quelques créatures et les emmena avec lui en Fallone sa terre sacrée. Il brûla les anciens textes et laissa les hommes et autres elfes, nains, et trolls réécrire leur histoire.
Mais ce jour là, dans le jardin d’orchidée de la déesse Maîrah, la compagne de Shâan, un Lys Bleu, d’une beauté sans précédent vit le jour. Prise de tendresse envers cette fleur, Maîrah envoûta la plante d’une incantation divine, pour qu’au jour de son apogée, lorsqu’elle fleurira de sa beauté la plus pure, elle engendre une créature nouvelle, un enfant.
Quinze années passèrent, et bientôt le bouton du Lys allait éclore, Maîrah mandat alors auprès d’elle son plus fidèle serviteur, Shazar, Le Laodric d’or.
-Shazar, l’heure est venue de te confier cette tâche, dit-elle, l’enfant qui viendra au monde ce soir est un présent que j’offre à la terre. Je te confie donc le soin de l’éduquer, dans nos lois ancestrales, mais aussi dans le respect de ceux de son espèce. Je m’en remets à toi, car tu es digne de ma confiance.
-Toute puissante Maîrah, je ne puis accepter, cet enfant est un Humain ! S’enquit Le Laodric d’or d’un air troublé.
-Pas un humain, Shazar, une humaine, et son nom est Calypso.
Le Laodric d’or s’était alors incliné devant sa déesse et avait accepté la tâche. Il avait donc accompagné l’enfant dans les premier pas de sa vie. Le serpent géant avait revêtu la toque de nounou allaitant le bébé braillard de lait de chimère, lui apprenant à marcher, à parler, jouant avec elle aux jeux simples que les enfants adorent. Il fut pour Calypso, un père exemplaire à la langue fourchue.
Les années s’écoulèrent comme des secondes et bientôt Calypso devenait femme. A 25 ans la petite était devenue un joyau magnifique de la race humaine. Ses cheveux d’ébènes étaient une longue cascade ondulant dans le vent, ses traits fins recelaient bien plus de mystères que ses courbes affolantes qui se dessinaient sous ses longues robes fendues. Sa peau si délicieusement nacrée arborait une pâleur stellaire charmeuse, mais c’est dans son regard d’améthyste qu’il était impossible de ne pas plonger.
Se mordillant les lèvres, perchée sur une branche d’arbre, Calypso voguait sur les flots de son imagination tout en contemplant l’aube naissante.
-Descend de là et vient jouer Caly ! Lui intima une voix qui provenait d’un endroit situé sous sa branche de Sycomore.
Elle se pencha et aperçu son ami Greynor le tigre blanc.
-Tiens, fit-elle, voilà mon mignon Minou.
-Je m’appelle pas Minou !
-Je sais mais Greynor ça ressemble à un bruit que tu fais avec la gorge.
Le tigre émit un rugissement vexé.
-Aller viens, on va jouer à cache-cache.
-A cache-cache, et où espère-tu te cacher avec tes 2m20 au garrot, tes 4m50 de long et tes deux tonnes et demi de chair et d’os !?
-Je fais pas 2 tonnes et demi d’abord, je suis pas obèse !!!
Mais tout à leur discutions, Minou et Calypso n’avaient pas entendu Shazar serpenter dans l’herbe, ils ne l’avaient pas non plus remarqué lorsqu’il s’entortilla autour du sycomore, mais au moment où celui-ci s’approcha de la branche où se trouvait Calypso, il sentit une lame sous sa gorge.
-Shaz, toujours aussi discret ! Sourit-elle avec malice.
-Fillette je t’annonce qu’il est temps de retrouver les tiens. Notre déesse Maîrah te demande.
Le visage de Calypso s’illumina d’un sourire extasié, elle bondit de son Sycomore, sauta sur le dos de Minou, fit un signe évocateur d’au revoir à Shazar, et s’écria :
-Hue, canasson, au palais de Shâan !
La monture rugit et se mit en route. Bientôt ils virent la tour d’ivoire du palais. Calypso descendit du tigre, rajusta sa tenue et pris une profonde inspiration avant de pénétrer dans la divine demeure.
-Déesse Maîrah, vous m’avez demandé. Fit-elle en s’agenouillant
-Relève-toi que je puisse te voir ma belle enfant.
Calypso s’exécuta.
-Oui, j’ai demandé à te voir, connais-tu la raison pour laquelle je t’ai crée ?
-Oui, puissante Maîrah, vous m’avez créée pour… pour…
Calypso la gorge sèche ne trouvait plus ses mots.
-Pour que tu veille sur les créatures des terres argentée. Finit Maîrah. Que tu veilles sur elles et que tu les délivre de leur maléfice. Acceptes-tu la tâche pour laquelle je t’ai créée ?
-Oui, je l’accepte.
-Je t’envoie alors sur les terres d’argent, et de dix ans rajeunirai ton corps. Tu devras trouver DragonFly, un maître dragon respecté, et tu rejoindras son clan. Tu apprendras la vie hors de Fallone, et l’amour tu devras trouver pour que ma tâche tu puisses accomplir. Car les tiens tu dois aimer avant et au-delà des créatures qu’ici tu appris à chérir. Lorsque tu seras prête sur ta route tu trouveras Sheyrkah, une arme que seul un maître dans l’art de la forge pourra te fabriquer. Quinze ans tu auras et en présent pour t’aider dans ses plaines hostiles, je t’offre ton tigre blanc que tu nomes Minou, lui seul t’accompagnera. Vas à présent fille du Lys Bleu, trouve ton chemin.
Chapitre 2 : Les Dragons.
Ses paroles dites, Calypso tomba dans un profond sommeil. D’où elle émergea jeune de 15 ans dans une forêt qu’elle ne connaissait pas. A peine éveillée, elle secoua Minou qui pionçait consciencieusement. Le tigre se secoua et ouvrit une telle gueule en baillant que l’on aurait pu y mettre cinq Cokatrices. Puis réalisant qu’il ne connaissait pas l’endroit, se mit à grogner et les poils sur son échine se dressèrent si fort que la bête semblait avoir doublé de volume. Calypso caressa tendrement son tigre tout en lui murmurant des paroles apaisantes.
Mais alors que Minou paraissait s’être calmé, un individu, humain semblait-il déboula d’un buisson et brandit son épée en direction du tigre blanc.
-Ne craignez plus rien mademoiselle, j’occirai ce monstre avant même qu’il ne pose une griffe sur vous !
Calypso interdite, regarda l’homme et murmura à Minou :
-Tu comprends quelque chose à ce qu’il dit, toi ?
-Rien Calypso, mais ça n’a pas l’air très gentil.
Le guerrier assistant à la conversation n’en cru pas ses yeux, la jeune fille semblait discourir avec le monstre dans une langue qui lui était inconnue. Il décida donc de rengainer son épée voyant que la créature ne semblait pas avoir de desseins belliqueux envers la demoiselle. Il tenta donc d’instaurer un dialogue.
Deux heures plus tard et à force de gestuel explicite due à une incompréhension linguistique réciproque, ils arrivèrent à s’échanger leurs prénoms.
-Donc ton nom c’est Calypso. Moi, dit-il en posant sa main sur sa poitrine, c’est Vallium.
Calypso haussa un sourcil puis comprit, elle regarda Minou et lui fit rapport.
-J’ai pas tout compris mais je crois que ce garçon s’appelle Vallium. Bon, je vais tenter de lui demander s’il connaît DragonFly et où je peux le trouver. Fit-elle enthousiaste.
Minou s’affala de tout son long dans les feuilles mortes tout en arborant une mine résignée.
-Calypso, soupira-t-il, ça fait deux heures que tu essaye de parler à cet humain et qu’il ne comprend rien, et vice versa ! Si tu essayais quelque chose de plus simple comme par exemple l’idiome « DragonFly » et détachant bien tes syllabes ? Et s’il ne réagit pas, je te préviens je m’en vais ! Marre moi de vous entendre parler l’humain avec les mains.
Calypso pouffa de rire et donna un petit baiser sur le museau de Minou. Puis avec une diction exemplaire et un détachement de syllabe affligeant, elle prononça le vocable : « DragonFly ».
Elle attendit, les yeux rivés sur son interlocuteur, quand celui-ci lui tendis la main.
-Mais qu’est-ce qu’il fait ? Interrogeât-elle
-Ca me parait évident à moi, il t’invite à le suivre, fit-Minou, faut toujours tout t’expliquer à toi !
Calypso tira la langue à son tigre et finit par suivre Vallium jusqu’à la montagne sacrée des Dragons, le lieu où vivait l’empire de DragonFly.
Il avait fallut près d’une journée à Calypso pour trouver DragonFly bien qu’elle fût guidée par Vallium. Ainsi, elle se retrouva enfin devant le fier Maître Dragon. A hauteur de sa vue, Calypso apercevait les pattes du dragon puis levant la tête vers le haut à s’en donner un torticolis, elle vit le museau de DragonFly. Elle sourit et dit :
-Noble Maître Dragon, je suis Calypso, je viens de Fallone. C’est la toute puissante Déesse Maîrah qui m’envoie à vous.
-La déesse Maîrah, ah, celle qui chassa les miens de Fallone pour expier une sois-disant faute. Je ne reconnais plus sa toute puissance depuis que nous, Dragons, sommes des exilés.
-Mais il y a des Dragons en Fallone, s’enquit Calypso
-Peuh ! Des dragons d’or assurément, la race la plus idiote de notre espèce.
DragonFly se mit à rire au nez de Calypso avec les autres dragons de son empire. La jeune fille quant à elle toisa son interlocuteur d’un regard froid tout en serrant les poings. Puis elle se mît à prononcer des mots dans une langue étrange. Mais les paroles s’écoulaient de la bouche de Calypso en une mélopée délicate presque envoûtante qui fit taire les rires. DragonFly cessa lui aussi de rire et écouta la jeune fille avec une attention étrangement soutenue. Lorsqu’elle se tut tous les dragons courbèrent l’échine devant elle. Mais DragonFly, lui, resta de marbre et se contenta de poser une question.
-Petite fille, toi qui parle la langue des dieux, toi, qui converse dans la langue des animaux, toi, l’humaine venue d’on ne sait où, je t’offrirai le gîte et l’enseignement dont tu as besoin, à condition que tu me prouve que tu viens réellement de Fallone. Arriveras-tu à me le prouver ?
-Bien que je sois humaine, répondit-elle, je suis née en Fallone, et pour te le prouver j’ai ceci.
Calypso sortit un médaillon étrange de son corsage et le présenta à DragonFly.
-Aoshim bedunia Gameth… Arriva à balbutier DragonFly.
-Oui, répondit-elle, c’est le serpent Gameth, fils de Golgoth, père de la race des reptiliens, entourant le cercle universel de la vie. Un talisman disparut depuis des millénaires et qui m’a été donné à ma naissance par Shazar Le Grand, conseillé de Dame Freîrh la Gardienne sacrée de notre bien aimée Déesse Maîrah. Me crois-tu à présent ?
DragonFly poussa un cri effroyablement puissant tout en crachant des gerbes de feu vers le ciel. Il aurait sans doute préféré un autre don du ciel que cette petite, comme une expiation de ses fautes de jadis. Il regarda ce ciel noirci de fumée, et bien qu’il ne pardonnera jamais à Maîrah de l’avoir chassé, il accepta de prendre soin de cette enfant qui le regardait de ses yeux améthyste tout en lui souriant.
Il prit alors soin d’elle et lui appris ce qu’il savait, Calypso fut acceptée dans l’empire des Dragons.
Chapitre 3 : Leçon de cuisine…
La jeune fille apprenait vite, en 4 mois elle connaissait les rudiments de la langue des humains et conversait avec les guerriers et guerrière de l’empire. Elle s’était aussi aménagé une grotte pour elle et son tigre, elle disait que c’était le meilleur endroit pour dormir et travailler.
-Ceci est une tasse, répéta Dolphi dans son infinie patience.
-Oui, je sais, une tasse, et ça c’est une assiette, ça une cuillère et ça un chaudron, je suis pas si idiote, minauda Calypso.
-Bien puisque tu sais tout de cette pièce je te laisse faire la cuisine !
-Quoi mais que… la cuisine mais je ne sais pas faire la cuisine !
-Tu devais bien manger sur Fallone alors improvise Caly, épate-nous, fit Dolphi avec malice.
Calypso qui n’avait jamais avalé un morceau de viande de sa vie constata le sellier avec dégoût et décida de préparer un repas comme elle en mangeait autrefois, à savoir végétarien. Elle vit le panier de fruit et soupira voyant les vers attaquer avec délice la dernière pomme encore en état qui restait. Elle jeta les fruits, ferma la porte du sellier et parti à la cueillette dans la forêt. Sa besace et son panier enfin plein elle retourna à ses fourneaux et prépara le repas le plus incroyable que l’empire avait vu.
-C’est quoi tout ça ? Firent Dolphi, Vallium et DragonBahamut de concert.
-Un repas, fit Calypso d’un ai triomphant.
Puis désignant les plats les uns après les autres énuméra leur contenu.
-Soupe de fruits rouges au lait de Chimère, gelée de figue avec coulis de poire miniature, vous savez les grises-orangées, gâteau de crème de groseille aux racines, et fruits confis nappés de ma sauce mystère. Et ceci, c’est du pain aux noix. J’aurais bien fait quelque chose de plus fastidieux mais je n’avais pas assez de temps.
-Quatre heures fit Dolphi en aparté avec DragonBahamut, et elle veut qu’on mange des baies, cette fille est folle !
C’est sûr que ce jour là Calypso n’avait pas eu beaucoup de fan mais elle n’eut plus à faire la cuisine pour un bon moment. Ceci lui laissa alors beaucoup de temps pour découvrir la faune des terres argentées.
Chapitre 4 : Rencontre avec les Blobs.
Il est vrai que la première rencontre de la faune n’est pas tout à fait représentative de sa diversité mais c’est le lot de tout aventurier, croiser les Blobs. Cette espèce visqueuse verte à l’aspect difforme et repoussant ne donnait pas envie d’adopté pareil créature sauf bien sûr si on s’appelle Calypso.
La jeune fille traînant lascivement dans la forêt dans une aube naissante d’une pâleur grisâtre signe d’un jour de pluie, se remémorait certaines des paroles de DragonFly à propos de son type d’alimentation strictement végétarienne. Elle devait bien reconnaître qu’elle ressemblait aux elfes à manger des baies à chaque repas. Et les fruits qu’ici bas elle trouvait ne nourrissaient pas autant que ceux de l’arbre doré de Fallone, elle paraissait avoir tant maigri, qu’elle n’avait que la peau sur les os.
Elle se rappelait alors ces mots :
*C’est le cycle de la nature que de manger d’autres animaux, les humains comme nous dragons sommes des prédateurs. Nous avons nous aussi nos propres prédateurs, la vie est ainsi. Il te faut tuer pour manger. Comme ton tigre tue ses proies et les mange. Tu dois te rendre compte que cela fait partie de la chaîne alimentaire et toi tu détruis ce cercle en mangeant des feuilles, des racines et des fruits.*
Calypso soupira car elle du reconnaître que l’odeur qui émanait de la cuisine lui donnait souvent l’eau à la bouche. Et au fond DragonFly n’avait pas tord. Elle se décida alors de rentrer pour assister au repas et avaler de la viande comme les autres compagnons de l’empire. Quelle ne fût pas la surprise de tous de la voir manger ainsi avec autant de voracité. Tous comprirent qu’un certain empereur y était sans doute pour quelque chose.
Cependant après le repas et malgré la pluie qui tombait, elle alla se promener seule au marais, là où lorsqu’il pleut personne n’ose s’aventurer sans connaître les lieux. Là où lorsque le soleil inonde, les reflets verdâtres de la vase semblent chanter, là où la flore paraît vieillir trop vite offrant un spectacle mélancolique et même si l’eau n’est que boue, la chaleur de l’endroit apaise les esprits. Noyer ses pensées ne relève alors plus de l’exploit mais semble être naturel, comme si le marais gardait en lui le malheur, rendant à l’œil du spectateur cette beauté intemporelle de ce coin maudit.
La pluie ce jour là évoquait la tristesse, mais au-delà de sentiments humains qui parcourraient le corps de Calypso, des créatures adeptes de la vase et de la boue s’éveillaient à l’arrivée de cette eau venue du ciel. Calypso s’assis sur un lit de mousse sous un vieil arbre au feuillage dense, là a l’abris de la pluie elle regardait le marais envahir la plaine de fougère.
Mais son regard fût alors attiré sur un endroit où la vase plus dense semblait faire des bulles. Et là sous ses yeux intéressés, elle vit sauter de la vase une sorte de boule verte dans un bruit écœurant.
Intriguée par cet amas de vase farceur, elle tenta de s’en approcher. Mais ses pas dans la boue faisaient un bruit incroyable qui sembla réveiller d’autres créatures vertes et visqueuses qui se mirent à sauter hors du marais et ramper vers elle. Craignant un peu la réaction de ces créatures, elle fit un pas de recule. Mais lorsqu’elle prêta l’oreille aux sons qu’émettaient ses boules visqueuses et rampantes, elle comprit une forme de langage primitif.
-Vas-t’en !!! Disaient-ils, c’est notre marais marais, notre chez nous nous.
Elle se plongea dans une réflexion linguistique pour tenter de communiquer.
-Je ne veux pas vous chasser, j’ignorais que ce marais vous appartenait.
Mais à peine eut-elle prononcé un mot que les blobs lui sautèrent dessus la couvrant de coulis verdâtre nauséabond qui semblait lui brûler la peau.
Sentant que l’absence de réaction allait probablement condamner l’entièreté de sa peau, elle sortit son épée de son fourreau et décapita les blobs les uns après les autres faisant couler le constituant verdâtre partout. Elle tenta de résonner les bestioles mais plus elle se mettait à parler, plus ils revenaient. Epuisée par leur nombre, elle se demandait si une retraite n’était pas une meilleure solution. Elle se mît à reculer vers la forêt tout en découpant les derniers blobs qui la suivaient. Mais alors qu’elle semblait se débarrasser d’eux de plus en plus facilement, son tigre blanc surgit près d’elle sans qu’elle ne su dire d’où il venait.
-Alors on tue les blobs Caly ?
-Ce n’était pas mon intention, et ces créatures ne sont visiblement pas des blobs, les blobs sont des créatures pacifistes espiègle mais sans intention maligne.
-Tu oublies que toutes les créatures ici ont été maudites.
Calypso se rappela de ce pourquoi Maîrah l’avait envoyeée ici et fit un sourire. Et tandis que Minou sautait sur les blobs tout en les avalant d’une bouchée, Calypso déchira un pan entier de sa robe et le tint comme un filet. Puis voyant Minou jouer dans la vase et s’en mettre partout, elle lui dit.
-C’est dégoûtant !
-Moi j’trouve ça vachement bon, dit-il en recrachant un peu de vase.
Secouant la tête en guise de désapprobation, elle reprit son filet improvisé et se lança sur un blobs essayant de le capturer. Habile comme elle l’était, elle réussi du premier coup, et siffla Minou afin qu’il les ramènent elle et son blob à sa grotte.
Elle passa des jours entiers à faire des allés retour entre sa grotte et le marrais et à s’enfermer dans son antre afin d’étudier cette créature des plus étrange.
Lorsqu’un des membres du clan se décida enfin à aller voir ce que fabriquait Calypso celui ci cru halluciner. La grotte avait changé d’aspect de façon radicale et il se serait cru dans un laboratoire d’alchimiste. Le lit tout au fond de la pièce n’était certes plus du tout le meuble principal. Et l’atmosphère était légèrement humide et chaude comme dans une forêt tropicale, des plantes énormes peuplaient la pièce rendant encore à la bizarrerie du lieu. Calypso les yeux plissés sur des livres et des parchemins se tenait assise à une grande table carrée couverte d’un fatras dont l’inventaire paraissait impossible. La main droite de la jeune fille caressait une boule de poil qui gazouillait allègrement dans une cage.
-Que…qu’est-ce que c’est ? Bredouilla le jeune homme.
-Un blob ! C’est mon blob semi-domestiqué, il s’appelle Carou.
-Ca ? Un blob ? Mais euh, comment te dire ? … Calypso, les blobs n’ont pas de poils.
-Si, ils en ont, ce jeune spécimen a 4 ans et vu sa façon de babiller, il a un problème de poumon. D’ailleurs je suis en train de chercher une recette de décoction de racine de Lymen sauvage pour le soigner.
Le jeune homme fît une moue étrange pour cacher son envie de rire et salua Calypso avant de prendre congé. Bien vite la nouvelle que Calypso était folle avait fait le tour du clan et était arrivée aux oreilles de DragonFly qui alla voir de lui-même si la rumeur était fondée.
DragonFly entra sans frapper dans la grotte tropicale de Calypso et vit la créature dans la cage, le tigre allongé sur une peau de bête, les plantes partout, les étagères à foison couvertes de livres, de potions, de pots à épices en tout genre, et au pied des armoires, de grandes jarres contenant des liquides aux couleurs douteuses. DragonFly se racla la gorge afin de capter l’attention de la jeune fille.
-Oh pardon, fit-elle, je ne t’avais pas vu.
Elle lui décocha un large sourire
-C’est sur que ma stature passe tout à fait inaperçue, surtout dans ta grotte qui est d’un spacieux, répondit-il en baissant la tête pour ne pas se faire gratter par les stalactites.
-Alors dit-elle après avoir esquisser un sourire malicieux, tu viens t’assurer que je ne suis pas folle.
-Incroyable tu ne mets jamais le nez dehors et tu sais déjà tout, comment fais-tu ?
-L’ironie de ta voix m’est familière DragonFly, et toi aussi tu le sais que sous leurs couches gluantes de vase, les blobs ont des poils et sont en fait de petits rongeurs. Constate, celui ci a été traité avec des bains de souffre et des cataplasmes aux herbes, ainsi lorsque la vase est complètement partie, sa peau blanchâtre à refait des poils.
-Il a l’air de bien t’aimer en tout cas, mais euhm… Tu ne compte pas soigner tous les animaux des terres argentées ?
-Bah si ! C’est pour ça que je suis là !
DragonFly la regarda avec tendresse et désarrois.
-Tu es vraiment une fille étrange, adorable certes, mais étrange…
-Merci, fit-elle en lui lançant son plus beau clin d’œil.
C’est ainsi qu’au-delà des guerres des attaques, des combats acharnés, de l’adrénaline des soirées agitées du clan, elle faisait dans sa grotte-laboratoire des recherches de médicaments et autres soins pour les créatures des terres argentée. Elle ramenait les créatures blessées les soignait, les étudiait, observait leur mode de vie et prenait un nombre incalculable de notes dans des cahiers, sur des parchemins.
Un jour en levant le nez au ciel elle se dit :
* Calypso la vétérinaire des terres d’argent a encore sauvé un animal *
Elle sourit et reparti dans l’empire, là où elle vivait depuis près de deux ans et où elle avait été nommée chef d’une section, Le Cœur du Dragon. DragonFly était devenu son meilleur ami et les hommes la répugnaient de moins en moins, elle commençait ainsi sa vie loin de Fallone et du haut de son royaume la déesse Maîrah était fière de ce petit bout de femme excentrique et malicieuse mais si attachant.
Chapitre 5 : Beleg.
Calypso était très jolie et bien qu’un peu spéciale, elle attirait le regard des guerriers. Malgré cela, elle ne semblait pas attirée par le gente masculine.
Elle fût d’ailleurs surprise et ennuyée le jour où Anduril lui déclara sa flamme. La jeune fille ne put que lui sourire et ce jour là lui offrit un baiser sur la joue, chose qu’elle n’avait probablement jamais fait. Elle était allée en discuter avec DragonFly, qui lui semblait l’encourager à poursuivre cette amourette. Calypso non convaincue, se laissa tenter et Anduril ne cessa de lui déclamer des mots tendres, elle lui trouva un air romantique attachant et lorsqu’elle lui dit oui au mariage c’était sans avoir compté sur la rencontre d’un valeureux guerrier dont le nom est Beleg.
Il faisait gris ce jour là sur la montagne entourée de brume où vivaient les dragons. Les monts impénétrables s’élevaient au-dessus du brouillard, pics impériaux royaume de l’empereur DragonFly, là dans les grottes et sur les flancs, un village caché s’y nichait. Petit oasis de verdure et de paix où vivait la jeune Calypso. Cette jeune personne, mystérieuse, venait d’au-delà des mondes vivants sur terre. Envoyée des dieux Shâan et Maîrah, elle naquit d’une fleur, et pour l’heure tous ignoraient son histoire. Elle avait un jour rencontré DragonFly et celui-ci l’avait élevée comme son enfant et aimée comme sa muse. Calypso ne saurait dire si l’amour qu’elle lui porte aujourd’hui est plus filial qu’autre chose. Mais elle a pour ce Maître Dragon un respect sincère et une amitié sans faille.
Calypso rêvassait, allongée sur son lit, le nez vers le plafond de sa grotte aménagée, le regard posé sur les stalactites calcaires.
* DragonFly est un Dragon, se dit-elle, quatre pattes, une queue et des ailles…*
Elle fit une moue d’une éloquence rare et se replongea dans sa réflexion.
* Je l’aime bien, il a toujours été là pour moi, m’a toujours protégée…*
Sa pensée s’éloigna :
* … des écailles, un jabot à feu, 1355 ans… *
Bien que la jeune fille à peine âgée de dix-sept ans sache pertinemment jusqu’où cette réflexion l’amènera, elle la poursuivait inlassablement.
* … oui mais, peut-être que je l’aime, l’aime dans le sens de l’aimer comme un frère, voire un père… un cousin, un oncle…*
! Slam !
La porte en bois qui fermait l’entrée de sa grotte s’ouvrit énergiquement sur un Sniper_Wolf haletant.
-DragonFly te demande, chef ! Expira-t-il comme si sa phrase était un seul mot.
La jeune personne se leva d’un bond félin et fis un clin d’œil à Sniper_Wolf lui signalant qu’elle accéderait à la demande de DragonFly.
Une heure plus tard dans l’antre caverneux de DragonFly, Calypso soupira pour la huitième fois. En face d’elle, le Dragon hérissa ses écailles et secoua la tête, avant de se dresser de toute la majesté de sa stature. Il plongea son regard de braise dans l’immensité des yeux couleur améthyste de Calypso.
- Non ! Conclu-t-elle en tapant du pied.
Un claquement sourd résonna dans la pièce lorsque le Dragon fouetta le sol de sa queue écailleuse dont l’extrémité était une cisaille
- D’accord, ça va, j’y vais, dit-elle un sourire rancunier sur les lèvres.
Elle sortit d’un pas faussement traînant et alla chez son amie Dolphi.
-Tu descends en ville avec moi ? Fit-elle d’un ton suppliant.
Dolphi penchée sur ses nombreuses cartes dessinait un nouveau plan de bataille. Et tout en fouillant dans ses parchemins, le compas d’une main et le crayon entre les dents, elle répondit un léger « Pas le temps… » et continua à trifouiller dans ses papiers.
Calypso fit une grimace qui lui vaudrait sûrement une place au panthéon des artistes qui s’ignorent, puis décida de partir seule pour la ville.
Tout en cheminant, Calypso finit par se dire qu’elle ne savait rien refuser à DragonFly et soupira les yeux au ciel.
C’est alors qu’arrivant à l’orée du bois, au bas de la montagne, elle fut surprise par un orage grondant de toute la puissance d’Ouranos Dieu du ciel.
Trempée jusqu’aux os, elle courût vers la ville cherchant à s’abriter à l’auberge. Mais le chemin était encore long pour rejoindre les portes de la ville.
La pluie se déversa en torrents opaques noircissant un peu plus la voûte céleste de ses nuages. Aveuglée par le déluge Calypso ne vit pas le guerrier encapuchonné qui se tenait sur la route et le bouscula si violemment qu’elle en tomba à la renverse sur le sol boueux.
-Désolée… fit-elle penaude
L’homme lui tendit la main et l’attira vers lui. A ce moment et sans un mot il retira son manteau et le posa sur les épaules de la belle qui en resta muette.
-Vous allez prendre froid sous cette pluie si légèrement vêtue, dit-il
Calypso se mordit la lèvre inférieure et regarda timidement le guerrier.
Elle ne saurait plus dire pourquoi elle avait alors accepté de suivre l’aventurier jusque chez lui, ni pourquoi un sentiment étrange l’avait envahie. Mais elle était entrée dans la battisse et à présent, debout juste derrière la porte, elle inondait le planché tant ses vêtements étaient trempés.
-Vous allez attraper mal, douce enfant si vous restez ainsi, constata-t-il.
-Mais c’est que je n’ai rien pour…euh…me changer.
-Prenez cette tunique, menue comme vous l’êtes, elle vous fera une robe, sourit-il en tendant la pièce de vêtement, changez-vous derrière le paravent, je vais faire du café.
Calypso trouva soudain de ton de l’homme mal assuré et bourru. Elle se glissa donc derrière le paravent et se changea
-Au fait, dit-elle tout en enfilant la tunique, mon nom est Calypso.
Elle sortit alors et apparu devant son hôte, pieds nus, de longues jambes, la tunique à mi-cuisse. Ses longs cheveux d’ébène encore humides tombant dans son dos en ondulant. A cette vue, le guerrier avala une gorgée de café de travers et manqua s’étouffer.
-Be… Beleg… Bredouilla-t-il entre deux quintes de toux.
-Enchantée.
-Je… je crois que l’enchantement m’appartient désormais…
Elle rougit
Leur rencontre fût comme un coup de tonnerre venu des cieux.
Lorsqu’elle revint chez les Dragons, un sourit idiot illuminant son visage, ils lui demandèrent ce qu’elle avait.
-Je suis amoureuse ! Sourit-elle beate.
Mais malgré le bonheur qui inondait Calypso, l’heure n’était plus aux réjouissances. Car au loin, Anduril le fier guerrier à qui Calypso avait promis le mariage regardait la scène d’un œil noirci de rancune amère.
Les jours s’écoulaient comme le sable sur les dunes dans le vent chaud des déserts. Calypso évitait de plus en plus Anduril pour aller voir ses animaux à soigner.
Et quand elle revenait sur la montagne, elle s’empressait de trouver 1001 besognes à faire, comme la cuisine par exemple.
Et ce jour là, partagée entre des sentiments, des responsabilités et des conflits internes, Calypso touillait dans ce qui pouvait ressembler à un ragoût. Tout en soupirant longuement, elle attrapa un sachet d’épice et le renversa distraitement, en entier, dans la marmite. Elle plongea une longue cuillère en bois dans la mixture et entama un mouvement lent de rotation tout en contemplant le mur devant elle où pendait toute une série d’ustensiles et de casseroles diverses. Elle se trouvait dans les cuisines de l’empire des Dragons, mais contrairement à ce que l’on aurait pu penser, il y dégageait un fumet assez peu propice à l’appétit. Calypso était sûrement une bonne chef de clan, habile à l’arme blanche, une tueuse de monstre hors-paire mais en cuisine, elle était plus que médiocre. Le clan allait encore une fois souffrir de maux d’estomac. Cependant là, dans sa cuisine, le chaudron bouillonnant devant elle, Calypso songeait à son guerrier rencontré récemment.
Elle était retournée auprès de sa cabane afin de le revoir mais elle ne l’avait plus aperçu depuis ce fameux jour d’orage, et le sourire de Calypso s’était ternis peu à peu, au fur et à mesure que les jours s’enchaînaient. Nombres de ses amis lui avaient conseillé d’oublier cette rencontre et de ne plus songer à des idées aussi frivoles. Mais, la jeune fille était probablement aussi têtue que belle. Elle laissa choir la cuillère en bois dans le ragoût et sortit en trombe de la cuisine bien déterminée à parler de Beleg à quelqu’un.
Calypso se dirigea d’abord vers l’endroit où officiait Dolphi, puis se ravisa, au fond une guerrière Horadrim n’était probablement pas la personne adéquate pour parler de problème de cœur. Elle passa devant l’antre de Dragonfly, fit une grimace et imagina le serment paternaliste qu’il serait enclin de lui répondre. « L’amour, petite fille est un sentiment humain fort complexe, il résulte de l’attirance de deux êtres ou parfois d’un seul ayant par la même… » Elle imaginait même très bien. Elle continua, croisa Sniper_Wolf, lui décocha un sourire mais se dit qu’il était celui qu’elle aimait le plus taquiner mais sûrement le dernier à qui elle irait raconter qu’elle s’était éprise d’un guerrier. Elle arriva enfin devant l’habitation assez hétéroclite de DragonBahamut, elle inspira profondément et entra.
Elle sortit presque aussi sec, il n’était pas chez lui. Calypso se laissa tomber à terre et s’assit en tailleur bras croisés sur sa poitrine, le regard furibond braqué sur la porte d’entrée de la bicoque et se jura d’attendre là sans bouger le retour du seul dragon qu’elle avait trouvé pour parler de Beleg.
Deux heures plus tard l’espoir s’était mu en flemme de se relever, le poing enfoncé dans la joue, les coudes mollement posés sur ses genoux, le regard vitreux, Calypso n’espérait plus grand chose. Finalement le ragoût avait encore une fois brûler dans le chaudron, et Calypso allait encore se faire gronder et elle allait encore rentrer dans sa grotte, la tristesse dans le regard…
-NON ! S’exclama-t-elle en se levant d’un bond.
-Non quoi ? Lui répondit une voix familière.
Anduril se tenait là, derrière elle, l’allure fière, la pause nonchalante, l’épée à la main, il revenait au village.
-Anduril mais quel plaisir de te voir, fit-elle d’un ton faussement réjouis.
-N’es-tu pas heureuse de revoir ton promis ?
-Ben en fait…
Elle finit par lui expliquer qu’elle avait rencontré un homme dont elle était tombée follement amoureuse. Et que ce n’était pas de lui qu’elle parlait. La fluidité de son langage était impressionnante vu la célérité avec laquelle elle s’exprimait. Elle fit nombre de « pardon », des « ce n’est pas ta faute mais… »
Bref Calypso était dans ses petits souliers et s’en voulait vraiment de faire ainsi souffrir Anduril. Lorsqu’elle se tût enfin, il la regarda avec un mépris furieux et la gifla.
-Tu es pitoyable Calypso, où est passé cet amour que tu m’avais déclamé ? J’étais prêt à t’épouser et tu casses tout l’amour que j’ai pour toi comme cela ! Pour les beaux yeux d’un rôdeur !!! Il criait de rage et de peine.
-Je… je ne sais que dire…
-Je te hais, toi et les dragons, vous ne valez rien ! Si c’est ainsi je m’en vais.
Calypso resta là, debout dans le vent frais d’un début de soirée, des larmes de honte roulant sur ses joues.
Anduril quant à lui fit comme prévu son paquetage et quitta la montagne sacrée des Dragons. Il partit dans le soleil couchant, son ombre le suivit sous le regard de Calypso et DragonFly côte à côte, il jeta sur le sol la bague de mariage qu’il comptait offrir à la belle en signe d’adieu et plus jamais ne se retourna.
DragonFly entoura Calypso de son aille, pencha son museau et la câlina doucement. Elle se fondit dans l’étreinte de DragonFly et pleura à chaude larme.
-Allons, ce n’est pas vraiment ta faute, il voulait nous quitter depuis un moment déjà, ta présence avait retardé ce départ mais il serait partit un jour Calypso. Aller, rentrons.
-Non, je dois savoir une chose, il faut que je sache si ce que j’ai fait à Anduril était justifié, je dois voir Beleg.
-Maintenant ? Fit DragonFly interloqué.
-Oui, maintenant !
DragonFly connaissait la détermination de sa petite protégée, et la laissa partir. Elle reviendra se dit-il, il espéra cependant que ce si magnifique sourire illumine son visage à son retour.
La voûte céleste s’était teinte d’un bleu nuit éclatant, et sur son manteau sombre s’illuminaient peu à peu les constellations. La nuit fraîche semblait si douce, bercée d’un vent enveloppant, la nature apaisée murmurait de tendres lais aux arpenteurs noctambules. Les bruits devenaient murmures, les senteurs se faisaient parfum, le monde s’endormait tout autour d’elle et Calypso l’arpentait d’un pas léger.
Quelques mètres à peine la séparaient de la cabane de Beleg et son cœur battait de plus en plus puissamment dans sa poitrine, son corps frémissait d’anxiété, elle arrivait à la porte de la bâtisse.
Elle ferma son poing, raidi son corps afin de lui donner l’illusion d’une apparence sereine et frappa à la porte. Elle ferma les yeux priant qu’il fût présent dans la demeure, il lui parût que cette attente devant cette porte durait des heures, pourtant quelques secondes plus tard, Beleg tout de noir vêtu lui ouvrit.
A peine eut-il le temps de se surprendre de la visite si tardive de Calypso, qu’elle le regarda dans les yeux et lui déclama d’un ton peu habille en babillage : « Je vous aime. »
L’homme resta coi, devant cette déclaration et piqua un fard à illuminer tout un océan.
-Je vous aime, depuis notre première rencontre je l’ai su, il n’y a plus une seconde où votre visage n’apparaît pas dans ma mémoire et trouble mes pensées les plus anodines. Je ne sais si vous-même avez ressenti cela mais je ne peux plus me languir de votre présence sans vous avertir de mes sentiments. Voyez, j’ai éconduit aujourd’hui mon promis pour…
Calypso ne trouva plus les mots, elle regarda Beleg avec une infinie tendresse, fit un pas vers lui, le corps tremblant d’émois. Le guerrier lui sourit, passa son bras autour de sa taille, l’attira contre lui et l’embrassa d’un premier baiser des plus passionné. Il referma alors la porte sur eux. Calypso passa la nuit auprès de son aimé, laissant libre court a leur passion. Personne ne sût ce qu’il se passa cette nuit là, mais elle revint tous les jours le revoir.
Chapitre 6 : Papier, stylos et poésie.
Calypso avide de nouvelles aventures s’était mise en tête de faire un poème pour son cher et tendre Beleg. Bien qu’elle ait eu l’inspiration sur le moment la jolie demoiselle n’avait ni encre, ni plume, ni papier. Elle constata son manque de matériel et décida d’aller se fournir à la source.
C’est ainsi qu’elle se mit en chemin sur les terres de Baduk et tomba face à face avec sa matière première encore a l’état naturel : un Ent. Ses yeux se plissèrent de malice à mesure qu’elle avançait vers la créature. Sa main droite posée sur la soie de son katana préféré, elle avançait à revers du monstre, puis se disant qu’il est trop facile d’attaquer un ennemi dans le dos, elle posa son pouce et son annulaire sous sa langue et siffla.
- Coucou, fit-elle envers la créature tout en fronçant le bout de son petit nez.
Elle lui fit un clin d’œil révérencieux et l’Ent de son pas lourd chargea la jeune fille.
*Toi mon vieux tu ne me connais pas encore, se dit-elle avec malice*
Calypso bondit sur le tronc de l’Ent comme un félin, s’accrocha aux branches et d’une légèreté déconcertante lui fit un nouveau brushing avec son katana. Elle sauta à terre et constata son ennemi pris d’une hébétude affolante qui faisait des petits tours sur lui-même.
- Pauvre de toi, je ferais mieux de t’achever finalement.
Elle brandit sa lame et sectionna le tronc sur patte en deux dans un bruissement de feuilles.
Calypso avait dés lors sa matière première, toute guillerette elle héla sa monture et attacha les restes de l’Ent à son Tigre Blanc qu’elle avait affectueusement appelé Minou. Elle grimpa sur le dos de son fier destrier et s’en retourna chez elle.
Arrivée dans sa grotte, elle chercha son carnet de note où elle avait gribouillé la recette pour fabriquer son papier sois même. Elle l’ouvrit à la bonne page et suivit les instructions :
Pour faire du papier :
Etape1 : Tuer un Ent bien mûr dans la force de l’âge. * C’est fait, cocha-t-elle muettement*
Etape 2 : Prenez un sceau et remplissez-le d’eau.
Calypso s’exécuta et revient avec un sceau d’eau glacée
Attention veillez à ce que l’eau soit tiède.
Elle grommela et alla chercher de l’eau tiède.
Etape 3 : Dénudez L’Ent de son écorce. Veillez à garder les bouts d’écorces ils serviront plus tard.
Calypso suivit les instructions et pela l’Ent comme on épluche une pomme de terre.
Etape 4 : Sectionner des morceaux du tronc et râpez les dans l’eau tiède, faites cette action jusqu'à ce que votre sceau soit plein.
Elle prit un de ses couteaux les plus tranchant et coupa dans le tronc nu de ne plus avoir d’écorce. Puis le réduit en copeaux qu’elle jeta dans l’eau.
Etape 5 : Prenez le sceau et portez à ébullition, remuez-le tout avec une cuillère en bois et ce jusqu'à obtention d’une bouillie.
Etape 6 : Ajoutez quelques copeaux d’écorces afin d’homogénéiser le mélange.
Etape 7 : Vous obtenez à présent une pâte onctueuse. Versez cette pâte dans un tamis très fin aux dimensions adéquates que vous voulez obtenir.
Calypso alla chercher son tamis et confectionna ses feuilles.
Etape finale, lorsque votre papier a les dimensions adéquates, pressez-le tout pour évacuer l’eau superflue et faites séchez la feuille entres des linges secs.
Après toutes ses étapes et avec nombres d’accrocs dus à la maladresse légendaire de Calypso, celle-ci pût enfin faire sécher son papier. Et ainsi dans quelques heures elle pourra y écrire tous les mots doux qu’elle avait envie.
Pendant le temps de séchage notre jeune aventurière ne resta pas les bras croisés et alla chercher un élément fatidique à la suite de son projet. Pour ce faire elle s’en alla quérir un Golem de fer.
Après avoir fait un crochet à sa taverne favorite pour y saluer ses amis Oncemol, Dark Shneider et les autres, elle se retrouva dans les contrées infestées de Golems et de trolls.
Sans préambules aucun vu son retard, elle décapita un Golem vite fait bien fait, ramassa deux ou trois bouts de métal et sauta sur le dos de Minou afin de rentrer chez elle finir son œuvre.
Le sourire aux lèvres, elle déposa le contenu de sa sacoche sur son bureau, attrapa quelques branches du Ent de tout à l’heure et sortit son vieux couteau fétiche, Harkahrah (c’est ainsi que se nommait le couteau).
Elle tailla les branches minutieusement en forme de stylet, comme le manche d’un pinceau, lima les bouts de métal pour en donner une forme de plume et se confectionna ainsi quatre stylos flambants neufs.
La tâche achevée, les feuilles de papier étaient sèches. Elle s’installa devant son bureau et voulu tremper une de ses nouvelles plumes dans l’encre, et constata qu’il lui manquait cet élément. Fourbue de courir en tout sens après des créatures, elle alla chercher ce qu’il lui manquait chez son amie Dolphi qui avec tout ce qu’elle écrivait devait posséder de l’encre sûrement.
- Au fond à droite sur l’étagère en forme de dragon. Indiqua Dolphi. L’autre droite Calypso.
Enfin, elle avait tous les éléments en mains. Calypso inspira profondément et se mit à gratter le papier de sa plume virevoltante.
Le ciel qui a vu naître notre amour,
Brille à présent d’ocre et de velours,
Comme si le monde s’attendrissait,
Devant notre bonheur parfait,
Je t’imagine chaque soir mon aimé,
Tant bien que mes songes en sont troublés,
Plus je te croise, et plus je te désir,
C’est à tes cotés que je me sens fleurir,
Et même si tes actes me font souvent rougir,
Tu es celui près de qui je voudrais m’endormir,
Ta tendresse n’a d’égale que ton courage,
Ton nom m’inspire comme cette page,
Toi mon fier héros aux rouges prunelles,
Toi dont les baisers ont un goût de miel,
A toi j’offre mon cœur amoureux,
Puissé-je pour la vie me noyer dans tes yeux,
Je t’aime comme l’orage,
Grondant de sa rage,
Avec tonnerre,
Eclair,
Au-delà de toute raison,
Mais surtout avec passion.
Calypso relût le poème, puis plia la feuille en quatre. Et avec une mine des plus béate, s’en alla voir Beleg afin de lui porter la missive.
Chapitre 7 : Adieu les Dragons.
Sa route l’avait amenée à déserter de plus en plus l’empire et bientôt Calypso s’était installée chez son bien aimé Beleg. Emportant avec elle ce souvenir des dragons qui restera dans sa mémoire. Des adieux, elle n’en avait pas fait, il est bien trop dur de dire au revoir à ceux qu’on aime et qui ont partagé notre vie.
Pendant un jour entier elle avait réussi à déplacer tout son laboratoire-chambre dans une grotte juste derrière l’habitation de Beleg. Ses plantes médicinales, ses remèdes, ses potions, ses livres, elle avait pour cela requis l’aide de ses protégés animaux. Mais le soir venu, lorsqu’elle était retournée dans cette grotte qui lui avait servi de maison ses deux dernières années, un pincement au cœur lui arracha une larme. Tous les membres de l’empire étaient partis en mission, même l’empereur n’était plus là. Elle se dirigea alors vers son antre et sur sa couche, elle déposa un présent, son talisman dont elle ne se séparait jamais, ce cadeau inestimable marqua à jamais l’attachement de la jeune guerrière au Maître Dragon.
Elle ne laissa pas de mots, ni d’autre souvenir, qui sait la mémoire de ses anciens compagnons se souviendra d’elle comme cette chef douce et compréhensive, cette guerrière redoutable et passionnée, et ce brin de folie qui la décrivait le mieux.
Calypso était descendue de la montagne avec Minou à ses côtés et Carou sur son épaule. Elle avait tourné une page, celle d’un bout de vie.
Bientôt elle rentrerait dans le Swat-Amber, le clan de son bien aimé. Mais cela c’est une autre histoire.