Publication : 05/10/04.
Auteur : Webaragorn.
Mise à jour : aucune.
Poids : 1
Prix d'achat : 70.000 Po
Baduk : G3 Bibliothèque de Baduk
CHAPITRE 1
Tandis qu'une ultime lueur rouge blêmissait à l'horizon, indiquant que le soleil se couchait aussi dans le monde de Sidhara, l'étrange équipage parvint dans la Vallée des Sources. Il se rendit alors au village de Tynkavel, réputé pour l'habileté de ses artisans dans les divers métiers de l'orfevrerie, mais surtout pour avoir formé, parmi les Alfs noirs, les meilleurs apprentis du Magicien. Les cavaliers entrèrent dans le village à la tombée de la nuit. La pluie crépitait au-dessus de leurs têtes. A présent, Oona parvenait à distinguer le dún. Il se dressait au bout du village qu'il fallut traverser dans toute la longueur de ses rues fangeuses et obscures. Lorsqu'ils arrivèrent devant un dôme d'argile entouré par un cercle de roches, Oona fit signe à la petite escorte des Odhons de s'arrêter.
_ Mes amis, dit-elle, nous voilà parvenus au terme du voyage. Puissions nous maintenant trouver les paroles justes pour persuader le Mage de revenir à Silmadore.
Elle demeura immobile quelques instants, ruisselante d'eau. Au-delà du muret rocailleux, on apercevait l'ouverture d'un porche adossé à d'énormes rochers. La file des Odhons s'approcha avec précaution au seuil du dùn. Les sculptures embrasées de la pierre supérieure du portique représentaient d'inquiétantes créatures à demi humaines. Le plus âgé du groupe s'immobilisa brusquement, pointant le doigt vers l'inscription portée au frontispice du mégalithe, on pouvait y lire dans la langue des elfes sur un linteau énorme : "Choisis toujours le versant le plus abrupte, car il mène au point le plus haut".
_ Allons, il est trop tard pour reculer maintenant, suivez-moi ! murmura Oona.
Elle pénétra sous le porche rustique. L'instant qui suivit, un froissement lugubre résonna au-dessus de la pierre, comme celui que font en s'entrechoquant les branches des arbres. Avec un tressaillement de frayeur, Oona continua d'avancer sous la voûte menant au fond d'un étroit couloir vers une chambre baignant dans une demi-obscurité. Il lui sembla apercevoir une forme noire qui disparut aussitôt à l'intérieur d'une pièce caverneuse. Elle s'introduisit dans l'antre à pas mesurés, suivit de son escorte. A leur grande surprise, sans y rencontrer d'hôte. La grotte artificielle où ils se trouvaient était vaste, éclairée seulement par une torche fixée au mur. Il y avait un fauteuil en paille, frileusement placé devant l'âtre d'une haute cheminée de pierres plates qui trônait au centre de la pièce principale. Un tronc coupé servait de table, près de lui un banc. Oona remarqua, posée sur le tronc, un petit coffre en argent finement ciselé.
_ Ce que vous êtes venus chercher est contenu dans ce coffret ! dit soudain une voix sépulcrale semblant venir de nulle part.
Convulsivement Oona jeta les yeux de côté et d'autre ; à la lueur inquiète de la torche, elle aperçut danser sur la paroi de la salle une ombre démesurée qui n'était pas la sienne. Un tremblement la parcourut malgré elle, alors qu'elle tentait de comprendre ce qu'elle voyait. Elle en déduit qu'un être invisible se tenait devant elle, dont la longue silhouette noire se profilait sur le mur jusqu'à hauteur de la voûte.
_ N'ayez aucune crainte, dit la voix, la magie me permet d'être avec vous et ailleurs, vous comprendrez aisément qu'il faut me montrer prudent car, à cause de la Pierre magique, rien de ma destinée n'est ignoré de mon ennemi. Cependant les vôtres lui resteront inconnues tant que nous éviterons de nous rencontrer. Le roi des Odhons, Setibos, a toujours eu foi en la sagesse de mes pouvoirs, qu'il en soit à jamais récompensé. Ce coffret contient dans une fiole le remède qui sortira sa fille du sommeil hypnotique dans lequel l'a plongé le sortilège du Druide noir.
Après une courte pause, la voix reprit sur un ton monocorde.
_ Mais vous devez être fatigués du voyage, prenez le temps de vous asseoir, soyez mes invités pour cette nuit !
A peine achevait-il ces mots qu'une flammerole, mystèrieusement apparue au-dessus de leurs têtes, décrivit un mouvement ondulatoire comme si elle eut été porté par un courant invisible et se mit à flotter dans l'air jusqu'au tronçon de bûche qu'elle alluma dans l'âtre. Le groupe resta silencieux, découvrant avec la même stupeur qu'une viande embrochée avait été préparée spécialement à leur intention dans la cheminée. Oona pressentit que leur hôte devrait bientôt les quitter et se décida timidement à prendre la parole.
_ Nous te remercions au nom du roi Setibos et acceptons avec reconnaissance ta généreuse hospitalité mais il nous faudra partir aux aurores car le souverain qui nous envoie à grande impatience d'accueillir notre retour !
_ Soyez à votre aise. Je reviendrais l'heure venue vous apporter mon aide, pour le moment, sachez que le Druide noir usera de mille sortilèges s'il apprend vos intentions, mais d'autres êtres maléfiques qu'il vous faudra affronter ont des pouvoirs tout aussi redoutables.
Ces dernières paroles glacèrent le sang des sept convives. Puis l'ombre les quitta. Le temps semblait, comme dans un songe, avoir disparu jusqu'à ce que l'un d'eux ressentit les premiers tiraillements de la faim. Oona confia à ses compagnons le coffret et garda la clé en sa possession. Puis ils s'assirent et mangèrent en silence. Au fond de la caverne, ils trouvèrent des matelats de paille fraîche pour la nuit. Lorsque le jour parut, l'ondée avait cédé la place à un crachin. Oona et ses compagnons reprirent alors leur route.
CHAPITRE 2
Ce jour-là - comme tant d'autres jours si nombreux qu'on n'y pouvait songer sans confusion - Tanaar le Récitant marchait, à pas mesurés, tout au long des sentiers forestiers inviolables. Il marchait depuis si longtemps que, pour lui, les jours semblaient des années et les années des jours. Aux heures où la forêt se charge de rosée, il invoquait les elfes de l'Aurore. L'air immobile et sonore, enclos dans le grand temple sylvestre, s'emplissait alors du murmure de petits êtres, se joignant aux litanies du Récitant.
Quand surgit Iotan, ce dernier sursauta. Puis reprit sa posture récitative aussitôt que le chevalier lui eut adressé son salut. Ce dernier s'était figé devant lui et ne pouvant contenir plus longtemps le flot des questions qui affluaient dans son esprit, il prit alors l'audace de troubler sa méditation.
_ J'ai entendu le murmure de tes imprécations et mon esprit s'interroge sur leur signification ? s'enquit Iotan.
Tanaar le fixa longuement avant de répondre. Une étincelle juvénile brillait dans son regard, éclairant un visage sans âge qui disparaissait sous une abondante chevelure.
_ Les Allyans de la nuit retiennent dans leur monde invisible les humains qui s'égarent dans la forêt de Shan-Walla. Celui qui, comme moi, en connait tous les sentiers n'a-t-il pas le devoir de guider leurs âmes perdues? Aussi prends garde à toi si, comme je le pense, ce sont eux qui t'ont attiré en cet endroit...
_ dis-moi simplement comment en sortir avant la tombée du jour et je te promets de ne pas troubler ta méditation davantage.
_ c'est Oona, la prophétesse, qui aide ceux que Mórrigán a jugé digne d'accomplir la quête. Elle te guidera jusqu'à la pierre de Fàil qui délivre les âmes perdues en ce lieu.
_ de quelle quête parles-tu ?
_ L'esprit d'Oona erre dans le puits du temps, avec ses compagnons d'infortune qui traversèrent un jour la forêt maudite. Le Magicien Erlade m'a confié le glaive des Sidhes afin de le donner à celui qui doit vaincre les guerriers du temple. Suis le chemin devant toi et tu reconnaîtra l'arbre qui abrite le secret que tu cherches.
Après une lieue de chevauchée, Iotan vit en effet un vieux chêne nimbé de l'air humide et dont l'une des racines enjambait un ruisseau. L'Arbre aux branches immenses devait mesurer au moins soixante-quatre pieds de haut. En son creux il trouva un glaive enveloppé dans une peau de mouton. Il prit en main l'arme au pommeau finement ciselé et la soupesa dans un double mouvement circulaire. Le métal trempé scintillait de mille éclats au soleil. Iotan le contempla longuement tel un trésor qu'on vient de déterrer, puis il suivit le ruisseau après l'avoir traversé en utilisant le promontoir que formait l'une des racines géantes du chêne.
CHAPITRE 3
Le soir venu, les litanies des druides commencèrent aux portes de Silmador. La procession arriva quelques heures plus tard aux cimes de la montagne sacrée, étoilant le chemin sinueux d'innombrables points de lumière. A mesure que l'obscurité se faisait plus profonde, le versant parsemé de lueurs rouges qui montaient des basses crêtes en longues files tremblotantes ressemblait à une crinière céleste. Un promontoir rocheux formant un plateau élevé devint leur point de ralliement. A cet endroit, la colonne se resserra pour se concentrer en un essaim lumineux aux bords ondoyants. Seuls les guerriers, fermant la marche, restèrent aux portes du sanctuaire que délimitait un simple muret couvert d'inscriptions étranges. Iotan se trouvait parmi eux
Formant un cercle purificatoire d'une blancheur comparable au halo lunaire, les druides s'assemblèrent à l'intérieur de l'enceinte sacrée. L'oracle s'avança en leur centre et prit le calice d'argent posé sur un socle de pierre. Après avoir bu tout son contenu, il se couvrit la tête d'un voile noir et pourpre, annonçant par ce geste le début du cérémonial des invocations. Les chants liturgiques des officiants montèrent alors vers la clarté lunaire, accompagnant chaque parole du grand devin. Celles-ci, dans la langue des Elfes, prononcées au soir de la troisième culmination de l'astre, en ce lieu revêtaient de célestes pouvoirs. La légende racontait que le grand Roi Thagdar, lui-même, avait fondé Silmador après qu'eurent été accomplis les voeux de conquête qu'il avait formés sur le versant de la montagne.
A peine le rituel venait-il de commencer qu'un nuage voila la lune d'une obscurité soudaine. Un phénomène aussi inattendu jeta le trouble parmi l'assemblée. Lorsque l'astre réapparut, une silhouette imposante vêtue de noir s'avanca vers l'oracle, lui demandant d'interpréter l'événement. Le druide noir chargea deux officiants d'aller chercher le taureau sacrificiel pour procéder immédiatement à la lecture du présage.
CHAPITRE 4
De sa cachette le nain avait guetté le moment où le grand prêtre allait porter au souverain le Ciboire d'argent qui avait recueillit le sang du sacrifice, il sorti d'un buisson, bondit sur les pierres avant de s'engouffrer dans une cavité du rocher. À la faveur de l'obscurité, le petit personnage s'était habillement faufilé, regagnant sur l'autre versant, la lisière de la forêt. De ce côté de la montagne, s'étendait une contrée inhospitalière, boisée et rocailleuse, jusqu'aux confins de l'Ossianie. De cette terre abreuvée par mille sources sortait incessamment une vapeur diaphane, une légère brume faisant autour des lacs et des pierres une fumée rampante. Remontant le cours d'une des sources, le nain parvint à l'aube au repaire d'Assülirus. Auprès d'un feu de tourbe, le vieil ermite méditait à demi éveillé.
_ C'est toi, Volk ? questionna-t-il.
_ Oui ... Je viens du ... de la montagne des druides. J'ai ... je l'ai vu ... s'exclama haletant le petit homme, j'ai vu la lune se voiler ! Elle a disparu ... lorsque le grand prêtre a prononcé le nom de la déesse. Tout s'est passé exactement selon la prophétie !
_ Voilà bien une grande nouvelle, mon ami et ...
Le vieil homme s'interrompit brusquement.
_ Ecoute ! écoute le chant des arbres monter vers l'aurore et le vol des oiseaux regagner les cimes...!
_ Oui là-bas, reprit Volk, je les voie, ils reviennent en masse vers la montagne, ce sont de grands rapaces ... !
_ Ils s'apprêtent à un festin, continua l'ermitte. Le sacrifice du taureau blanc a eu lieu avant l'aube. En cette heure même, les devins augurent du sang de l'animal. La prédiction de la prophétesse annonce que l'élu prendra conscience, à ce moment même, de sa destinée... Mais, dis-moi, comment as-tu fait pour t'approcher du sanctuaire ?
Après s'être assis devant le feu, Volk raconta les évènements.
_ Je connaissais une caverne de la Montagne, j'étais caché là, depuis trois jours. A l'abri d'un escarpement situé sous le promontoir du sanctuaire, je suis resté accroupi pendant des heures, l'oreille aux aguets et sursautant au moindre bruit. Le soir du deuxième jour, quelqu'un a pénétré dans ma grotte. De l'endroit où je me trouvais dissimulé, je ne pouvais rien voir, mais soudain j'ai entendu son pas lent et peu assuré, comme celui d'un vieil homme, venir vers moi, il est passé sans me voir et puis, il a disparu d'un coup !
_ Que venait-il faire là ? questionna l'ermitte, visiblement intrigué.
_ Il est allé au fond de la grotte et, comme il ne semblait pas en revenir, j'entrepris de me glisser dehors. Ensuite je parvins à me cacher dans un buisson, derrière un rocher, à peu de distance du sanctuaire, avant que la grande procession n'atteigne les cimes. Quand la lune s'est obscurcie, alors je me suis souvenu de la prophétie que vous aviez conté à mon père...
_ Ton père, Setibos, était un sage, après le départ d'Erlade il aurait pu mettre fin aux querelles des siens et les unir pour lutter contre Thagdar. Mais la douleur dans laquelle l'a plongé la maladie incurable de ta soeur l'a égaré !
_ Oui, cela fait bien longtemps, poursuivit l'ermitte, les Odhons, notre peuple, avaient établi un sanctuaire aujourd'hui abandonné auquel conduit cette caverne. En ce temps, les druides admiraient notre science des remèdes, ils me considéraient même comme un des leurs parce que j'ai guérit leur oracle.
Le vieil ermitte marqua une hésitation. Puis il reprit.
Mais un jour, dans le labyrinthe du sanctuaire, j'ai vu la pierre sacrée, la Pierre de Fáil, que seul notre mage savait utiliser. Ma curiosité a été punie, à cause d'elle mes yeux ont perdu leur flamme, tel est le terrible châtiment que l'Ordre inflige à ceux qui ont osé la contempler. Ils m'ont aussi banni à jamais de leur communauté.
_ Rien n'est encore perdu, rétorqua le petit homme ! J'y ai beaucoup réfléchi. Seul un être de ma taille peut s'introduire dans le labyrinthe sans y être vu ! Si je réussissais à récupérer cette pierre dont Thagdar tire sa puissance, ne croyez-vous pas qu'Erlade retrouverait ses pouvoirs ?
_ Peut-être les Elfes t'ont-ils choisi, après tout, pour accomplir cette prophétie ? Je peux t'y aider en effet, personne ne pourrait mieux que moi te décrire tous les passages secrets du labyrinthe qui mène à la Pierre. A défaut de la vue, ma mémoire les reconnaîtrait encore. Conduis-moi à cette caverne et je t'aiderai à reprendre le talisman qui revient à ton peuple.
La grisaille de l'aurore faisait place, çà et là, aux brumes humides et froides d'une matinée automnale. Assülirus avançait dans les pas de son guide avec précaution, se servant de son bâton pour tâter le chemin et assurer son équilibre. Les rochers, bien que plats et unis, étaient couverts d'une mousse verdâtre qui les rendait glissants. Ils continuèrent leur chemin jusqu'au moment où les bois s'éclaircirent et où le terrain commença de monter en pente plus raide. Ils contournèrent alors les masses rocailleuses où s'engouffrait le ruisseau, maintenant devenu un torrent rapide, jaillissant et bondissant sur de nombreuses pierres dans un lit profondément creusé que surplombait, de son arrongance immuable, le Phalagrimm.
Plus aride, l'autre versant formait une curieuse mosaïque de pierres enchevêtrées, un dédale de mégalithes modelés par l'érosion du vent et le flot impétueux, depuis longtemps tari, des eaux du glacier. L'arche de pierre leur apparut au détour d'un méandre, enjambant un ravin asséché dont le cours aboutissait à une anfractuosité du rocher très étroite.
_ Voici l'entrée de la caverne, dit Volk, il y a un passage plus large derrière ces éboulis de roches.
Ils se décidèrent à pénétrer, finalement, dans l'antre de la grotte. Mais après quelques pas dans une demi-obscurité, Volk s'arrêta net, retenu par une main ferme. L'odeur familière de la résine était parvenue aux narines d'Assülirus qui le stoppa pour lui montrer dans un retrait, le tronc d'un arbre desséché qui reposait.
_ Ce bois est un bon combustible, dit-il, tu auras besoin d'une torche dans le tunnel. Elle te permettra aussi de pouvoir suivre du regard ton ombre, car si elle disparaît, ce sera le signe que le glám dicinn, la malédiction suprême des druides, est tombée sur nous. Mais n'aie aucune crainte, je connais la posture à adopter ainsi que la formule qui évite d'y succomber ... !
La flamme oscillait, projetant leurs silhouettes sur la voûte en berceau qui, par endroits, s'infléchissait. En dépit du froid qui s'accentuait, le petit homme sentait la transpiration coller ses vêtements contre sa peau. L'excitation d'un danger imminent le galvanisait. Dans le tunnel obscur, il lui semblait déjà avoir parcouru une longue distance, guettant à chaque pas son ombre. Ne se retournant, à intervalles réguliers, que pour s'assurer de la présence de celle de son compagon. Assülirus le suivait à peu de distance, tâtonnant du bout des doigts la paroi humide.
Comme ils contournaient le coude abrupt d'une galerie, au bout de trois cent pas environ, Volk aperçut une vague lueur. Ils firent encore deux virages. Malgré leur progression, la lueur, vive désormais, ne montrait pas son origine. Puis soudain, elle parut, il la vit s'échapper du sol, se découpant à travers une grille de métal. Prudemment, il s'approcha. Au dernier moment, à quatre pattes, il regarda entre les barreaux d'un métal précieux. Une fosse s'étendait au-dessous de lui. La cavité avait plus de huit cents pieds de profondeur et des proportions colossales. La paroi reluisait d'un éclat terne à la lueur des torches qui flambaient, de place en place, le long d'énormes murs étayés par des poutres droites.
_ Que vois-tu ? lui demanda son compagnon.
Volk décrivit l'endroit avec le plus de détails possible.
_ Viens, suis-moi, insista l'ermitte, je connais le chemin qui mène au fond de ce puits !
Le vieil homme disparut alors dans un étroit passage, si bien dissimulé dans la pénombre que Volk crut le voir traverser la paroi rocheuse. Puis à son tour, il s'enfonça dans la sombre faille, aussi facilement que l'on franchit dans un songe un mur imaginaire. De l'autre côté, les entrailles de la montagne formaient un vaste entonnoir dans lequel un chemin laissé par l'empreinte des eaux tourbillonnantes descendait en spirale vers les profondeurs. Des zones d'obscurité semblaient indiquer, de distance en distance, l'entrée de nombreuses galeries. L'une d'entre elles devait conduire au souterrain. Assülirus fit signe à son compagnon de le suivre sur l'étroit sentier. La torche éclairait au-dessus de leurs têtes la paroi du rocher qui semblait immense. En descendant le long de celle-ci, Volk se sentait envahi d'une crainte irrationnelle, que l'obscurité profonde nourrissait d'un étrange pressentiment. Pourquoi supposait-il que le chemin qui s'enfonçait dans le gouffre conduisait tout droit aux portes de l'enfer ? Pourquoi donc sentait-il de son antre s'exhaler des odeurs maléfiques ? Quelle stupidité ! Après tout, ses ancêtres avaient vécu dans ces cavernes des siècles durant.
A chaque niveau, les deux hommes respiraient un souffle tiède qui s'échappait de petits tunnels faisant office de puits d'aération.